DESIGN La crise immobilière de 2008 aux Etats-Unis aura eu au moins un « avantage ». En jetant à la rue quantité d’Américains qui ne pouvaient plus payer leur loyer, elle a changé notre rapport à l’habitat et lancé le mouvement des tiny houses, des petites maisons nomades, éco-friendly (merci le bois) et qui, surtout, se montent en quelques jours. Il n’en fallait pas plus pour que les industriels et les architectes s’emparent de ce marché de la maison en kit (comme la maison Vimob du collectif Creativo, photo du haut), qui conjugue tous les fantasmes et les obsessions des urbains en quête de nouvelles manières de vivre, et donc de se loger (voir notre Top 5 des maisons en kit ici).
Exit donc la maison de campagne qu’on retape des années et dont on ne viendra jamais à bout de la toiture, à moins d’y laisser la majeure partie de ses économies : bienvenue à la tendance maison en kit.
Parce que c’est bien connu : si on est pressé de partir en week-end à la campagne (voire de s’y installer), on n’a pas forcément un compte bancaire au Panama. Alors au diable les surfaces immenses, et puis surtout jouer au Lego ou au Mecano, on adore…
La philosophie du cabanon de Le Corbusier: l’essentiel nécessaire pour vivre dans un minimum d’espace.
Si ce sont les Américains qui ont popularisé la mode, il semblerait que la première mini-maison ait été le fruit de l’imagination du Corbusier, et de son collaborateur Fernand Gardien, qui, en 1952, à Roquebrune-Cap-Martin, ont construit la première cabane du futur. Philosophie : « L’essentiel nécessaire pour vivre dans un minimum d’espace. »
En 1994, Philippe Starck propose pour le catalogue des 3 Suisses une maison à monter soi-même qui va à l’encontre de la mode des pavillons sans âmes qui aujourd’hui peuplent les zones résidentielles. Trop tôt, Philippe !
La crise est passée par là, de nouvelles valeurs sont apparues et, aujourd’hui, la cabane chic a dépassé les fantasmes de quelques architectes visionnaires. Aux Etats-Unis, et un peu partout dans le monde, la tiny house est devenue un nouveau mode de vie, répondant aux envies de décroissance, d’autosuffisance, de design, de petit budget et de nomadisme.
Le phénomène est loin d’être marginal et cible désormais à 360 degrés. Muji vient de commercialiser sa maison en kit entre 22 000 et 38 000 €, même si réservée pour l’instant qu’aux heureux Japonais ; Ikea a développé pour les camps de réfugiés en Irak des maisons en kit pour cinq personnes à 1 000 € qui semblent bien plus appréciées que les campements proposés par les ONG ; Bretteville-sur-Odon, près de Caen, a opté en décembre dernier pour des logements sociaux en kit.
Aux Etats-Unis, le site Thetinylife.com fédère tous les passionnés de la vie en mini-maison et la chaîne de télé FYI propose deux émissions de télé-réalité basées sur le phénomène. Sans compter le projet participatif Wikihouse qui met à disposition libre des plans de maisons à construire soi-même ou Airbnb qui se lance dans le mouvement avec une sélection de tiny houses à louer autour du monde. Histoire de les essayer avant de se décider ?