Par Charles Barachon
DESIGN Avec pour fil rouge la légèreté et un sens inné de la modularité, le design version nomade est en passe de devenir un classique de l'époque. Un exemple dans la ville : le kiosque vitré et modulable des frères Bouroullec, sorte de prolongement des pavillons préfabriqués de Jean Prouvé, mais dont la fonction englobe aussi bien le concert intimiste, la réunion pro que l'aide sociale.
Son double toit servant d'abri à la terrasse se replie pour faciliter le transport de chaque unité dans une remorque.
Mais trop souvent immature, le design nomade donne parfois l'impression d'avoir stoppé sa course au stand concept-store fumeux pour gogos : pliable ou modulable mais trop encombrant, il ne sera en fait jamais utilisé lors d'un séjour hors de chez soi. Rester sédentaire quand on est nomade, dommage…
Autre faille de taille, la confusion entre portable et nomade, qui permet de donner à une chaise longue en toile ou à tout mobilier muni d'une poignée le label « design nomade », comme en témoigne la table Tebur de Nifemi Marcus-Bello.
De son vivant, Louis Vuitton fabriquait essentiellement des malles, objets nomades par essence. La marque perpétue aujourd'hui très bien son cœur de métier : elle invite régulièrement des designers à se pencher sur la question, à commencer par la collection Concertina du duo Raw-Edges, et en particulier sa chaise pliable, qui tire l'esprit du genre vers le haut.
C'est à la fin des années 90 qu'un intérêt pour le nomadisme a vu le jour. On l’a vu apparaître dans la mode d'un Hussein Chalayan par exemple, qui avait conçu des vêtements-mobilier capables de se transformer en… bagages. Le caractère immettable de la jupe en bois une fois admis, il faut reconnaître la classe visionnaire de cette collection.
Vingt ans plus tard, dans une époque marquée par l'effacement progressif des frontières entre lieux domestiques, de travail et de vacances, l'Italienne Bompani a conçu un mobilier ultra-flexible(photo du haut et ci-dessous) destiné aux voyageurs et locataires éphémères, cette nouvelle génération de nomades qui souhaitent parfois emporter un morceau de leur appartement avec eux.
Facile à monter, démonter et transporter, grâce entre autres à un ingénieux système de ceintures de cuir, il fait lui aussi partie d'une nouvelle famille de mobilier, le « flat-pack », dont il faudra aussi distinguer le bon grain de l'ivraie.