Par Arnaud Pagès
CULTURES Généralement assimilé à du vandalisme, le graffiti serait aussi une plaie pour l’environnement. En cause, les bombes et leurs particules nocives pour la couche d’ozone et nos poumons.
C'est vrai : l’écologie a longtemps été le dernier souci des graffeurs mais les temps changent et les sensibilités, aussi. Portée depuis quelques années par des artistes conscients du défi environnemental, le green graffiti s’impose comme une tendance qui séduit de plus en plus d’artistes partout dans le monde.
Avec ses lettrages à base de mousses et d’herbes taillées (photo du haut et ci-dessus), l’Anglaise Anna Garforth élabore des œuvres 100% végétales qui s’inspirent du tag. Utilisant uniquement des matériaux présents dans la nature qu’elle assemble sur les murs avec une colle biodégradable à base de yaourt, de bière et de sucre, son art est à la fois éphémère et responsable.
Dans le même sillon, l’artiste espagnole Mosstika fabrique, avec sa série Living Portrait, des cadres en bois qui laissent dépasser par endroits l’herbe quand elle pousse et forme ainsi un dessin. C’est le mouvement dynamique de la nature qui fait émerger l’œuvre d’art et la rend littéralement vivante.
A rebours, l’artiste martiniquais Nuxuno se sert d’éléments végétaux déjà présents dans la ville comme point de départ de ses fresques. Avec ce principe créatif, il souligne la rareté de la nature dans le paysage urbain et fait se rapprocher art et environnement dans une même création.
Poussant le concept encore plus loin, le reverse graffiti utilise la crasse présente sur les structures urbaines comme source de création. Utilisant la technique du pochoir couplée à des projections d’eau à haute tension, c’est le contraste entre la surface sale et celle qui a été nettoyée qui laisse apparaître l’œuvre.
Au Brésil, l’artiste Alexandre Orion, originaire de Sao Paulo, nettoie ainsi des centaines de mètres carrés de façades pour donner vie à ses créations monumentales. Un moyen créatif de dénoncer le niveau de saleté et de pollution des mégapoles. Qui a dit que le street art était un art de vandales ?