IDÉES Personne n’aurait parié un centime sur le succès de la NES Mini, resucée moderne de la mythique console de jeux des années 1980. 32 0000 exemplaires écoulés au Japon, 200 000 aux Etats-Unis, 100 000 rien qu’en France : le succès a pris de court la firme japonaise et la réplique miniature de la NES, en rupture de stock depuis deux mois, fait le bonheur des spéculateurs sur eBay qui n’hésitent pas à tripler son prix (60 €).
Difficile pourtant d’attribuer ce succès hors-norme à la seule rétromania qui, depuis une dizaine d’années, a envahi la galaxie des gamers, alors que ces mêmes jeux ont leur propre émulation sur le Net. Cherchons plutôt la clé de cet engouement dans l’objet lui-même, version identique mais à échelle réduite, qui embarque trente jeux garantis addictifs, et où aucun détail d’époque n’a été oublié, de l’affichage flou des télés à tubes cathodiques de l’époque aux bugs d’affichage en passant par la manette de jeu affublée d’un câble si court qu’il oblige à jouer assis en tailleur collé devant l’écran, et non pas en mode couch potatoe.
On le voit avec le retour du format CD que tout le monde pensait relégué à la cave : l’immatériel connaît ses limites et le consommateur veut de nouveau toucher et posséder l’objet, comme le confirmait Jordan Passman de Score A Score, société de synchro, au site Greenroom.fr : « La meilleure vente de l’année, c’est un coffret en CD des œuvres de Mozart (459 € - NDLR). Kanye West, et Lady Gaga sont loin derrière. Maintenant, il faut que l’industrie entière prenne exemple sur ce segment de marché stable. Je pense que ces gens ont des exigences en phase avec le monde de la consommation qui arrive : ils veulent que la musique reste un objet, mais que cet objet soit facile à transporter ou à ranger chez soi. »
Dans un autre registre, ce sont les versions compactes des synthés et boîtes à rythmes cultes de l’électro (comme la TB-303 et la TR-909) qui font leur retour en version mini, moins fragiles et plus facile à transporter, alors que leurs émulations se piratent en deux coups de Google sur n’importe quel site russe.
La mode est au dur, et au prix où se revendent les vieux synthés, les consoles de jeux des années 90 et certains CD sur les sites d’occase, pas étonnant que les gens réinvestissent dans le dur.