Entretien Julien Tissot
LUXE Laura Perrard est fondatrice du Salon du Luxe Paris et secrétaire générale adjointe de LaFrenchLuxe, une association rassembleuse de jeunes entrepreneurs de talent du secteur. Dans cette asso cocorico lancée en juillet 2016, se croisent Thomas Pesmin (PMSH), Delphine Vitry (MAD Network), Lucie Knappek d’Evanella/Profirst, David Klingbeil (Dymant), Thomas Barret (The Morning Company), Stanislas Belliard (Revel Paris) et Yann Lefloch (Instant Luxe).
Réfléchir au luxe de 2020, créer du lien, aider au référencement, faire rayonner les agitateurs du luxe, telles sont les missions de LaFrenchLuxe pour qui le luxe a rattrapé son retard sur toutes ses faiblesses. Même s’il reste encore un peu de boulot.
Laura Perrard, on parle peu des jeunes acteurs du luxe français, pourquoi ?
Nous sommes partis du constat que les jeunes entrepreneurs du luxe sont très investis à leur échelle mais souvent isolés, car ils ne font que très rarement partie des Top 50 des start-up tech à suivre. Jusqu’à présent, il était donc très compliqué d’identifier ces jeunes pousses en France. LaFrenchLuxe est là pour ça. Une cinquantaine d’entrepreneurs étaient présents lors du premier événement organisé par l’association. Nous avons lancé officiellement les adhésions il y a quelques jours.
Les jeunes entrepreneurs du luxe peuvent-ils se passer des géants du secteur comme LVMH ou Kering ?
Si l’idée de LaFrenchLuxe est de mettre en place un processus d’entraide, cela ne signifie pas rester entre nous pour autant. Depuis la première édition du Salon du luxe Paris, j’œuvre personnellement à faire se côtoyer les entrepreneurs et les grandes maisons. De belles initiatives ont vu le jour récemment. LVMH a d’ailleurs annoncé il y a quelques jours le lancement d’un véhicule d’investissement dédié aux jeunes marques de luxe prometteuses. L’objectif final : faire rayonner le luxe français.
Le luxe français se porte-t-il bien ?
Il y a eu un ralentissement en 2016 dans de nombreux secteurs du luxe. Les attentats ont impacté le tourisme à Paris, les palaces ont vu leur fréquentation baisser, mais le Ritz ne désemplit plus actuellement. Ces derniers temps, on sent une reprise. Globalement, le secteur du luxe se porte bien, notamment grâce à l’innovation qui a le vent en poupe.
Je crois beaucoup à la tendance du slow luxury.
Longtemps, le digital a été le parent pauvre du luxe. Ça change ?
Oui, le secteur du luxe a mis un certain temps à s’adapter mais aujourd’hui, toutes les marques s’y sont mises, d’une manière ou d’une autre. L’arrivée du digital a obligé les marques à innover, notamment les réseaux sociaux, qui ont changé la donne. On parle de transparence maintenant dans le luxe, c’est assez nouveau. La Data est une mine d’or pour ceux qui savent la traiter et je pense que la notion d’agilité est aujourd’hui cruciale. C’est d’ailleurs l’un des sujets qui sera abordé sur le Salon du luxe en juillet prochain. Pour information, un atelier dédié aux entrepreneurs du luxe portera prochainement sur Instagram. Et c’est ouvert à tous !
Quelles sont les nouvelles tendances du luxe ?
Le luxe durable est une profonde évolution. Les recherches autour des « cuirs » et autres simili artificiels ont le vent en poupe par exemple. J’ai hâte de voir comment le marché va se structurer. L’expérience en magasin est aussi centrale : acheter du luxe, c’est avoir une relation privilégiée avec la marque, c’est vivre la marque d’une façon unique. Je crois beaucoup à cette tendance du « slow luxury » dont l’idée consiste à revenir au vrai en dépassant les frontières du marketing ayant dicté les codes depuis pas les dernières années. Et puis on voit beaucoup d’innovation en ce moment. Les marques osent, reviennent sur les terrains de la provocation, c’est rafraîchissant !
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