Par Charles Barachon
DESIGN Sommet de l'architecture moderne des années 60 et 70, le style brutaliste a laissé des perles aux quatre coins de la planète : le somptueux Barbican Centre de Londres, l'impressionnante assemblée nationale du Bangladesh à Dhaka ou encore, pionnière en la matière, la Cité radieuse de Marseille de Le Corbusier.
Le brutalisme revendique un certain primitivisme, une géométrie stricte mais complexe, des matières brutes – principalement du béton –, une absence totale d'ornements et de fioritures.
A l'heure où le virtuel s'empare d'à peu près tout, c'est ce côté physique qui explique pourquoi le brutalisme regagne aujourd'hui ses lettres de noblesse. En architecture, le récent musée Soulages de Rodez et ses cubes d'acier conçus pour rouiller plus vite sont un exemple frappant du béguin actuel pour ce style.
Fidèle à son look industriel, Victoria Wilmotte a créé pour sa série Stone Edge un ensemble en grès qui y trouve ses racines. Comme nous sommes en 2017, la designer s'est permise d'injecter de la résine colorée dans de la pierre de lave pour sa série Magma (galerie Torri, photo du haut).
Frederick Gautier a lui voulu rester synchrone avec le béton originel dans son édition limitée de théières et tasses pour l'éditeur anversois Serax.
Très présent au Brésil pendant ses heures de gloire, le brutalisme trouve un écho contemporain dans les murs de la société Milbank, à São Paulo, dont la rénovation a été confiée aux Français de Triptyque, en particulier dans son escalier aux accents Le Corbu.
En architecture d'intérieur, le spécialiste ultime du béton banché, Concrete LCDA, a permis de renouveler en profondeur le spectre esthétique du matériau.
Le principe du banché ? Il est coulé sur place dans des coffrages qui peuvent donner du relief et des motifs aux parois de béton, à l'instar du Panbeton d'Ora Ïto et ses arêtes obliques, que la lumière révèle en fonction de son intensité. Ou comment redonner chaleur, mouvement et noblesse à une matière dure comme le béton.