IDÉES Révolution à Lima (Pérou) : un immense panneau publicitaire développé par une université et une agence de publicité locales absorbe l’humidité ambiante et la transforme en eau purifiée (photo du haut et ci-dessous). Résultat ? Jusqu’à 90 litres d’eau produits par jour dans une région où l’on ne recense que deux centimètres de précipitations par an.
Plus proche de nous, en France, le compte Nickel a permis à des milliers de personnes d’obtenir en quelques minutes un compte bancaire international et une carte de crédit en se rendant juste chez leur buraliste.
Deux exemples de ce que l’on appelle désormais l’« innovation juggad », ou « innovation frugale », la théorie développée depuis quelques années par Navi Radjou, Franco-Indien, diplômé de l’école Centrale et aujourd’hui consultant à Palo Alto.
Le juggad, mot hindi, pourrait se traduire en français par « solution née de l’ingéniosité et de l’adversité en utilisant des moyens simples ». Cette philosophie du système D, appliquée au quotidien en Inde, s’articule autour de trois axes clés : le partage, le faire soi-même et la circularité.
A l’heure où le système occidental du « toujours plus » arrive à bout de souffle et que les ressources naturelles se raréfient une solution semble se profiler : faire mieux avec moins, sans pour autant renoncer à l’innovation.
Pour exemple, le réfrigérateur Mitticool, entièrement en argile, qui conserve les aliments cinq jours sans consommer d’électricité ou Q.rad, un radiateur numérique mis au point par la société Qarnot qui permet de se chauffer gratos en récupérant la chaleur des microprocesseurs.
Cette philosophie qui place l’ingéniosité humaine au cœur du concept n’est pas sans rappeler la sobriété heureuse prônée par Pierre Rabhi ou même la « slow life » d’abord adoptée par quelques bobos de Los Angeles et qui commence à essaimer en Occident.
Aujourd’hui, Navi Radjou va plus loin dans ses réflexions et propose une nouvelle approche de l’innovation : le leadership éclairé, ou comment réconcilier business et sagesse. U e révolution toute en lenteur, on l’aura compris.