Par Charles Barachon
DESIGN A Paris, les Wallace ont le monopole des fontaines au charme discret, conçues pour désaltérer le passant. Même les rares exceptions confirment la règle et rendent hommage à ses fameuses cariatides, à l’exemple des ludiques fontaines Millénaire des Radi Designers, où deux silhouettes féminines prennent corps côté verso dans un volume cinétique.
Beaucoup plus emblématique de la Ville lumière, la fontaine Stravinsky de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, œuvre d’art accolée au Centre Pompidou dressée comme un petit théâtre motorisé les pieds dans l’eau, burlesque et drôle.
Dans la catégorie des éloquentes, c’est la dimension un peu folle des fontaines qu’on aime en particulier, le bouillonnement gracieux et les jaillissements vifs des jeux d’eau, que leur architecture saura rythmer avec talent, ce côté un peu Versailles ou… Las Vegas, à défaut.
Le cabinet californien de design Wet a précisément signées les fontaines de l’hôtel Bellagio dans la cité du jeu. Très actif en Asie, il est aussi l’auteur d’une série de nouvelles venues dans le quartier Daning, à Shangaï, créations imprégnées de dynamisme et de variations d’intensité (ci-dessous et photo du haut).
En Jean-Michel Jarre de la fontaine, Wet est passé maître dans la livraison spectaculaire, à travers des fontaines où l’eau crée tout, y compris son architecture, qui a d’ailleurs souvent été engloutie, comme à Dubaï, la plus vaste au monde.
Autre époque, autre style : dans les années 70, aux Etats-Unis, la mode est aux fontaines architecturées. Dans la banlieue de Dallas, à Forth Worth, le water garden brutaliste de Philip Johnson construit des chutes d’eau en gradins et trois bassins géométriques, pour donner de l’air aux verticales. Elle reste la plus célèbre et la plus influente de sa génération.
Tout aussi iconique, la fontaine El Alamein de Sydney, élégante et solaire, prend des allures d’aigrettes de pissenlit. Elle remplit à merveille l’un des rôles majeurs de la fontaine publique : se doter d’un pouvoir d’attraction.