Par Charles Barachon
CULTURES Sans l'aspect portuaire d'Anvers, plus riche en termes de culture et moins fréquentée par le tourisme de masse que Bruges, Gand est une perle de la Flandre belge. Et pas seulement pour ses fameux Graslei et Korenlei (quai aux Herbes et quai aux Grains) bordés de beautés d'architecture médiévale et baroque.
Pour les amateurs d'art et de peinture, la ville est excitante. En ce moment dans la dernière phase de sa restauration, l'Agneau mystique de Jan van Eyck, triptyque monumental et chef-d’œuvre des primitifs flamands, est à tomber.
Pour le regarder, direction la chambre forte aménagée à la cathédrale Saint-Bavon (pour éviter, entre autres, que d'éventuels doigts gras puissent le toucher) et le musée des Beaux-Arts (MSK), où des mains délicates s'affairent à redonner sa première fraîcheur à ce retable qui, au-delà de la scène religieuse, met en scène le cosmos de façon sublime.
Dans ce même MSK, les visages all-over du Portement de Croix de Jérôme Bosch et les somptueuses natures mortes baroques de Willem Claez Heda prolongent le plaisir.
La magnifique expo que consacre le musée à Emile Verhaeren, écrivain, poète et critique d'art en phase avec son temps (1855-1916), est de la même teneur : la Melancholia de Dürer et des œuvres rares du symboliste Fernand Khnopff y sont notamment montrées.
L'autre événement majeur, Hands on design, inauguré la semaine dernière, a lieu au Design Museum. Johan Valcke, son commissaire s'est penché sur une tendance forte du design contemporain : un artisanat inventif typique des années 2010, hérité du mouvement Art and Crafts (« arts et artisanats »), allié à une production industrielle plus classique.
Des chaises colorées en aluminium verni de Muller van Severen à la lampe Litho de Vormen en Terrazo, sans oublier le lit feutré du Studio Nedda muni d'une astucieuse boîte à musique, c'est un régal.
Au SMAK, le centre d'art contemporain organise une jolie expo de portraits où Paulina Olowska sort du lot. Son Nicole de la Marge and the Rolling Stones et toutes ses autres peintures ont la grâce.
Et puis, question tables, c'est à Gand, et aussi à Anvers, que l'on trouve la fine fleur d'une jeune génération de chefs regroupée autour du label Flanders Kitchen Rebels, Davy de Pourcq du Volta en tête. A 28 ans, sa cuisine raffinée ne laisse pas les papilles indifférentes. Gand a définitivement plus d'un tour dans son sac.