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Aurélie Jean: «L’IA et le luxe» (2/2)

Entretien Judith Spinoza

Aurélie Jean, docteur en sciences et figure montante du numérique explique comment le luxe doit intégrer l’intelligence artificielle pour créer un nouvel écosystème. Le premier volet de son interview est à découvrir ici.

Aurélie Jean, la personnalisation de « l’expérience client » est-elle le défi majeur auquel les maison de luxe « confrontent » l’IA ou y a-t-il d’autre sujets sur lesquels elles travaillent ?

Aurélie Jean par Frédéric Monceau.

Aurélie Jean par Frédéric Monceau.

La personnalisation touche autant le service, la manière de parler aux clients ou encore le produit lui-même par du sur-mesure à grande échelle, intelligemment pensé et démocratisé. Il y a un autre sujet auquel on ne pense pas tout de suite et qui est pourtant fondamental, c’est le « fabriquer mieux ». On peut, par la data et l’IA, analyser et comprendre son impact écologique en tant qu’entreprise mais aussi client.

L’IA comme outil éthique, donc ?
L’IA est une opportunité pour que l’industrie de la mode et du luxe fabrique de manière responsable et éthique. Suivre la consommation d’eau d’une entreprise en temps quasi réel, mesurer et communiquer l’impact écologique d’un produit, fabriquer mieux grâce à de nouvelles matières plus résistantes, plus écologiques et sans pli ou encore concevoir des produits de beauté plus respectueux de l’environnement par l’élaboration simulée numériquement de nouvelles formations… Une entreprise de luxe va devoir s’approprier ce sujet écologique et l’IA sera son meilleur allié.

Le «fabriquer mieux», défi du luxe associé à l'IA. © Montecristo Magazine.

Le «fabriquer mieux», défi du luxe associé à l'IA. © Montecristo Magazine.

Comment préserver la place de la créativité ?
La question devrait plutôt être : « Comment augmenter notre créativité ? » Et la réponse serait : grâce à l’IA. Une étude récente d’Adobe montre que 60% du temps d’un créatif est consacré à des taches répétitives non créatives. Imaginez si on arrivait à libérer ce temps grâce à l’IA… La créativité n’est pas un gâteau qui se partage mais au contraire son propre catalyseur, la part de créativité devrait alors augmenter de manière exponentielle. En pratique, nous n’atteignons pas encore ce phénomène à cause de toutes les taches répétitives qui font obstacle au créatif et à sa créativité.

Une entreprise de luxe va devoir s’approprier ce sujet écologique et l’IA sera son meilleur allié.

 

Quel est le défi majeur préserver le bon couplage luxe et IA ?
Former tous les employés à comprendre, à la hauteur de leurs moyens, les mécanismes de base de l’IA, afin de mieux les accompagner vers une transformation durable et respectueuse de l’humain. Comprendre ces mécanismes, c’est aussi capturer ses nombreux différentiateurs face à la machine, et mieux développer et utiliser les outils numériques. Ce défi existe dans toutes les industries et pas que le luxe, mais il est, selon moi, le défi fondamental pour combiner intelligemment l’humain et l’IA, et éviter d’aller vers une substitution systématique contre-productive pour l’entreprise.

A lire : « De l’autre côté de la machine - Voyage d’une scientifique au pays des algorithmes » d’Aurélie Jean (éditions de l’Observatoire).

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