LUXE L’Ethiopie vaut-elle mieux que les clichés d’un pays en proie à l’extrême misère ? Oui, évidemment. Depuis une dizaine d’années, le pays connaît même une croissance économique à deux chiffres. Et une nouvelle génération d’entrepreneurs émerge, notamment dans un secteur inattendu : le luxe.
Abai Schulze en est l’une des incarnations. La jeune femme a été adoptée à 11 ans par une famille américaine. Après quinze ans passés aux Etats-Unis et une licence d’économie en poche, elle décide de retourner vivre dans son pays de naissance, où elle crée une entreprise de maroquinerie de luxe : Zaaf (« arbre » en amharique, la langue locale). « Je voulais montrer que la marque s’enracine dans un territoire riche en ressources et qu’elle va développer de solides branches », explique Abai Schulze.
Les sacs Zaaf, faits à partir d'un savoir-faire ancestral.
Aujourd’hui, dix-sept personnes travaillent dans son atelier de production d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. 400 sacs en cuir sont produits chaque mois, dont les prix varient entre 70 et 700 €. Dans un pays où le salaire mensuel moyen est de 34 $, sa boutique voit surtout défiler la population huppée de la capitale et la diaspora. Une grande partie des articles est aussi vendue à l’étranger.
Zaaf ou l'Ethiopie qui avance.
Fikirte Addis est l’autre visage de cette génération. En 2009, elle a lancé Yefikir, une marque de vêtements de luxe – robes, vestes, tailleurs, jupes ou écharpes – à plusieurs centaines d’euros (photo du haut). Elle s’inspire du patrimoine local pour concevoir ses modèles.
Yefikir, le luxe made in Africa.
Aujourd’hui, plusieurs distributeurs européens se lancent dans l’aventure éthiopienne. « Les grands noms de la mode savent très bien la qualité des produits éthiopiens, explique Dana Esteline, une grossiste qui redistribue aux grandes marques françaises et européennes. Nous travaillons par exemple avec Agnès b. Ce que nous proposons, c’est du haut de gamme. » Les plus belles années du luxe africain restent à venir.