Entretien Judith Spinoza
Partie pour une carrière dans la finance, Juliette Lévy décide en 2013 de fonder Oh my Cream, une enseigne multimarques de cosmétiques bio et naturelles. Huit ans plus tard, la voilà à la tête de vingt boutiques et de sa propre marque, Oh My Cream Skincare. Interview sans adjuvant.
Le Bold Woman Award Veuve Cliquot pour Juliette.
Juliette Lévy, en novembre 2020, vous avez reçu le prix Bold Woman Award Veuve Cliquot pour récompenser votre entreprise, Oh my Cream. Dédiée à la clean beauty, elle affiche une croissance annuelle de 80%. Quelle est son modèle et son principe ?
C’est un concept store qui permet à toutes les femmes d’accéder à une beauté alternative. J’ai toujours été passionnée de beauté. À l’époque, j’avais une vraie frustration : ne plus me retrouver dans le discours des marques ou univers des parfumeries sélectives. Par ailleurs, je déplorais le manque de conseil et l’absence totale de transparence sur le marché de la cosmétique. J’avais l’impression que ce secteur était en pleine mutation et s’orientait vers des modes de consommation plus intimistes et digitaux. J’avais envie d’apporter un souffle de fraîcheur à la distribution sélective. C’est comme ça qu’est né le concept : il n’est pas révolutionnaire mais il est la somme de détails qui, en tant que consommatrice, collent davantage à ce dont j’avais envie et font sens pour d’autres gens.
Qu’est-ce que la beauté alternative ?
A la fois une beauté plus clean, plus experte et plus inspirante.
Au départ, je voulais lancer un pure player disponible uniquement en ligne
Aujourd’hui, que « pèse » Oh my Cream ?
Nous avons vingt magasins, un site de e-commerce qui représente environ 25% de nos ventes et, depuis trois ans, une marque en nom propre, Oh My Cream Skincare, qui fonctionne très bien. C’est la marque numéro 1 en volume et en valeur.
Pourquoi n’avoir pas lancé Oh My Cream directement en ligne, façon digital native vertical brand ?
A l’époque, les city commerces ne m’intéressaient pas. En effet, je voulais lancer un pure player disponible uniquement en ligne car j’avais envie de mettre beaucoup de contenu, comme des fiches produits. Mais au bout de quelque mois, je me suis rendue compte qu’un lieu physique est extraordinaire pour incarner une marque et développer son univers. En matière de cosmétique, cela me paraît essentiel puisque l’une des valeurs-clés que je voulais développer, c’était la dimension d’expertise et de conseil. J’ai donc opté pour le retail physique. Par ailleurs, nous sommes un multimarques et ne poussons donc aucune marque en particulier, ce qui accroît le principe de transparence.
Faire du retail de façon qualitative avec un bon service, ça ne court pas les rues
Quels sont les plus du commerce physique que vous avez immédiatement relevés ?
D’abord, asseoir l’expertise d’Oh My Cream auprès des clientes. Second aspect positif : incarner l’univers de la marque dans un écrin raffiné, moderne et représentatif de son temps. Troisième élément : nous avons été rentables très rapidement. Contrairement à ce qu’on croit, un beau site internet est très cher car faire venir du trafic a un coût. A l’inverse, les droits au bail ne sont pas si élevés, d’autant que nous avons pris des petites surfaces sur des emplacements malins et les banques nous ont suivis. Faire du retail de façon qualitative avec un bon service, ça ne court pas les rues, si bien que ce principe a rencontré rapidement du succès.
La suite de l'interview de Juliette Lévy dans un prochain post.