Par Jeanne Cante
BEAUTÉ Alors que The Naked Shop, spécialisé dans le vrac liquide, vient d’ouvrir à Paris en proposant d’acheter des soins du corps dans des contenants consignés, les cosmétiques solides se développent de l’autre côté du spectre, jouant la carte de la durabilité et de la chasse aux produits nocifs.
Comment cela fonctionne-t-il ? Au contact de la peau mouillée, le cosmétique solide, conçu sans eau – et semblable à un pain de savon – s’émulsionne.
Le démaquillant solide de Nüe.
Tout a commencé avec Lush, qui, dès 2017, lançait ce type de produits dans ses boutiques « zero waste ». Shampoings, déodorants, gels douche, dentifrice, mais aussi huile à barbe : tout y passe.
Les avantages des cosmétiques solides ? Réduire d’abord la quantité d’eau (présente généralement à hauteur de 70% dans la fabrication) comme la quantité d’emballage. Sous forme compacte, un shampoing Lush garantit par exemple jusqu’à quatre-vingt lavages, soit l'équivalent de trois bouteilles de shampoing classique. Eviter ensuite les conservateurs et les perturbateurs endocriniens des formulations aqueuses. Enfin, les cosmétiques solides nécessitent moins d’eau au rinçage.
Le dentifrice solide sauge-citron de Lamazuna.
« Ce concept, est issu du croisement de plusieurs tendances : l’écoresponsabilité, le minimalisme et la digitalisation », explique Béatrice Anthouard, responsable développement formulation et prospective chez Sicaf Cosmétiques.
En tête de file, les labels vegan dédiés aux cosmétiques naturels et zéro déchet (Lamazuna, Pachamamaï, Les Tendances d’Emma) sont rejointes par un petit cortège de marques haut de gamme – Diptyque (photo du haut), Cha Ling, La Rosée ou Christophe Robin.
Le shampoing solide Christophe Robin.
« Le marché des cosmétiques sans eau va continuer de progresser car il est à la croisée de plusieurs préoccupations écologiques », confirme Elisabeth Laville, fondatrice d’Utopies, agence de conseil spécialisée dans la responsabilité sociétale des entreprises.
La poudre nettoyante solide de Cha Ling.
Le véritable enjeu consiste désormais à séduire l’utilisateur en lui garantissant le même plaisir qu’avec un soin conventionnel. « La cosmétique solide, ce n’est pas nouveau, reprend Béatrice Anthouard. Ce qui l’est, en revanche, c’est la tentative de la rendre plus qualitative, plus sensorielle, et de décliner toute la gestuelle de soins – démaquillage, nettoyage, masque, sérum, crème… » Que la cosmétique solide soit capable de solidifier ses codes, en somme.
LE TOP DE LA COSMÉTIQUE SOLIDE
The Naked Shop.
Lamazuna.
Pachamamai.