Entretien Judith Spinoza
Dernière-née des petites marques qui voient la beauté en grand, Days of Confidence a été créée en 2021 par Fédérique Labadie et Philippe Guillermic. En plus de leur gamme de cosmétiques, ils proposent aussi des compléments alimentaires et des duos compléments/cosmétiques. Leur crédo : l'uncompromising self care. Sans concession, vraiment ? Les deux fondateurs racontent les défis et les embûches d'un tel engagement. La première partie de leur interview est à lire ici.
L’exigence écoresponsable des formules de Days of Confidence se double d’un cahiers des charges et de modalités de productions sans concession. Dites-en nous plus…
Nous avons fait des choix drastiques, parfois difficiles à assumer pour une jeune marque : packagings en verre et aluminium recyclé, capsules couvercle en thermodur, encres végétales, papiers issus de forêts éco gérées, sourcing local (50%), pourcentage d’ingrédients biologiques maximum sur notre gamme cosmétique. Nous avons mis en place un programme d’étude en collaboration avec une consultante en responsabilités sociale et écologique des entreprises afin d’optimiser l'ensemble de nos actions et d'anticiper sur nos actions futures.
Sur quels principes d’optimisation vous appuyez-vous ?
L’écosourcing, qui consiste à rechercher des producteurs nous permettant de sélectionner encore davantage d’ingrédients locaux de sorte à limiter notre empreinte carbone. L’écoconception, soit la recherche de solutions bioplastiques viables pour nos recharges (refill) et pour le packaging de certains produits pour lesquels le verre ne serait pas approprié. Nous menons aussi une réflexion sur le transport, mais nous ne sommes pas certains que nos clients soient prêts à attendre une semaine de plus pour être livrés lorsque les produits ne transitent pas par voie aérienne.
Quels sont d’ailleurs les avantages à être un label confidentiel ?
Il n’y’en a pas vraiment car c’est très contraignant. Mais, pour le moment, ce sont encore les petits labels qui font le boulot. Les gros sont en train de s’y mettre mais ils viennent de tellement loin que cela prend du temps.
Pour le moment, ce sont encore les petits labels qui font le boulot
Pensez vous que la cosmétique responsable ou vertueuse sera la norme de tous les cosmétiques ? Si oui, dans combien de temps ?
Difficile à dire. De la majorité oui, mais il restera toujours des marques peu scrupuleuses et des consommateurs peu regardants.
Pouvez vous lister les enjeux et progrès à faire de la cosmétique responsable concernant le sourcing ?
Un travail sur le sourcing local – ce qui est impossible pour des ingrédients comme le jojoba ou le beurre de karité, par exemple. Cela passe par une meilleur information et sensibilisation des consommateurs qui doivent petit à petit être convaincus que les produits cosmétiques ne sont pas plus efficaces lorsqu’ils contiennent TRENTE ingrédients différents, aux noms exotiques, en provenance de l’autre bout de la planète.
Le plastique est à bannir, c’est une certitude, mais il y a encore des débats entre le verre, les bioplastiques et la viabilité des écorecharges
Et concernant le packaging ?
Le plastique est à bannir, c’est une certitude, mais il y a encore des débats entre le verre, les bioplastiques et la viabilité des écorecharges. Chacun calcule le coût énergétique de manière différente. Il n’existe pas encore de consensus et de norme en la matière. C’est donc une question politique. Le problème vient aussi de la législation qui impose de faire figurer l’ensemble des informations sur les emballages. Si nous n'avons que le primary pack, pas de place pour mettre toutes ces infos sur des produits 30 ou 50 ml, cela nous oblige à avoir des « packagings secondaires » en carton. Il en va de même pour la distribution qui impose encore que certains produits soient suremballés pour des questions de stockage et de mise en rayon. Pour avancer, il faut prendre conscience que c’est une volonté et un travail commun de tous les acteurs de la chaîne qui sera efficace. Les marques à elles seules ne peuvent pas tout faire, malgré leur bonne volonté.
Hélène Valade, directrice Développement Environnement du groupe LVMH affirme que « Le luxe dans vingt ans aura une relation beaucoup plus intime avec la nature. Et puis il aura renforcé ces caractéristiques originelles : la rareté et l’éternité. » Qu'en pensez-vous ?
Nous nous battons aujourd’hui. Ce genre de grandes déclarations sont certes séduisantes, mais il est avant tout essentiel de se demander si nous faisons vraiment tout ce qui est en notre pouvoir ici et maintenant afin que nous n’ayons plus à nous poser ce genre de question demain.
La première partie des l'interview de Days of Confidence est à lire ici.