Par Jean Privé
MODE Ce 6 janvier 2017, le monde de la mode est tout émoustillé. Craig Green, le lauréat 2016 du prix « British menswear designer of the year » aux Fashion Awards, décide d’asseoir son statut de créateur avant-garde. Pour cela, il marie comme à son habitude les concepts d’uniforme et de fonctionnel en créant des pièces sportswear, résultats d’une construction poétique dont lui seul détient le secret.
Mais ce qui frappe le plus l’assemblée, ce sont ses dernières silhouettes qui s’élancent : des hommes habillés de tapis persans rattachés par des laçages et devenant des carapaces (photo du haut), comme un pied de nez à l’actualité. Un écho au travail notamment d’Hussein Chalayan dans les années 1990-2000, époque où il se penchait sur la mondialisation et le nomadisme. Le créateur star réalisait des performances où des familles entières de réfugiés devaient quitter leur logement en portant leur mobilier et leur déco.
Comme si les créateurs anglais s’étaient passé le mot, le tapis est devenu une pièce centrale de la fashion week automne-hiver 2017/18 londonienne : J.W. Anderson met à l’honneur le crochet des tapis classiques anglais sous forme d’écharpe ou de cardigan ; Alex Mullins le découpe en un patchwork d’aplat de couleurs sur une veste ; Ximon Lee en fait un manteau composé de panneaux ; Sibling, une maille mousse effet moquette.
Si la fashion week londonienne est en panne d’annonceurs et le Brexit, toujours pas bien avalé, les créateurs anglais ont pourtant fait le choix de célébrer leur indépendance créative et la jeunesse sous toutes ses formes : artisanat poussé, colorama arc-en-ciel, indépendance créative. Résultat : l’événement a enregistré une hausse de participants de 3% par rapport à 2016. Est-ce parce qu’on leur a déroulé le tapis ?