CULTURES Il y a d'abord ce nom, qui intrigue autant qu'il prête à sourire. Bonnie, comme la copine maléfique et sexy de Clyde ? Banane, comme celle du premier album du Velvet – ce fruit dont on prétendait dans les années 1960 que la peau permettrait de fabriquer de la drogue ?
Peu importe, le patronyme convient à merveille à la Française Bonnie Banane. Son deuxième EP, Sœur Nature, propose un R’n’B addictif saupoudré de nappes électroniques voluptueuses et de textes envoûtants lorgnant du côté de Sade autant que de Yelle.
Son ode à Leonardo DiCaprio en dit long sur le personnage, écartelé entre la poésie urbaine frenchy et sa fascination pour la pop culture américaine. « Between Aaliyah and André Rieu », dit son profil Bandcamp. L'art du grand écart.
Passionnée par la musique afro-américaine et D'Angelo aussi bien que par les chansons graveleuses de Jean Yanne ou de Brigitte Fontaine, la Bretonne devenue Parisienne se démarque également par son univers graphique.
Ses photos très travaillées ressemblent à des performances d'art contemporain (des mises en scène dont la folie rappelle celles de Marina Abramovic ou de Cindy Sherman) et ses clips bricolés jouant avec les codes d'une esthétique 90's mauvais goût (photos dégoulinantes de kebab en arrière-plan, make-up nacré et papiers peints façon gifs animés). Mais le bon mauvais goût, celui de son époque qui adule les gifs, les licornes, les survêts à bandes et les cheveux tie and dye.