Par Charles Barachon
DESIGN Du design sensuel, terrestre, qui n'aura pas la mauvaise idée de fauter en tombant dans le mielleux, c'est là tout le charme du velours.
Gio Ponti était parmi les pionniers de la modernité à succomber au soyeux de la matière. Ses fauteuils D.154.2, larges, accueillants comme une clairière avec leurs formes discrètement florales, conçus pour la villa de collectionneurs Planchart à Caracas dans les 50's, restent l'un des projets les plus chers à l'Italien.
Plus récemment, la Française d'origine irano-égyptienne India Mahdavi a relooké le salon de thé Sketch, à Londres, avec la série Charlotte : des fauteuils roses rendant un hommage amusé à la célèbre pâtisserie et à la forme des biscuits à la cuillère.
Ses chauffeuses Gelato en noyer, velours de mohair et nubuck, déclinées en plusieurs couleurs toujours profondes, ont eux un esprit décontracté et plus racé. A une époque en quête de chaleur et de fraternité, le velours tombe à pic.
En témoigne le bleu de la méridienne Mad de Marcel Wanders, qui poursuit en version contemporaine l'esprit du long sofa courbe des années 50 de l'Italien Ico Parisi.
Toujours dans les 50's, les canapés et fauteuils Ours polaire de Jean Royère (photo du haut), épais mais raffinés, sont tout de suite devenus un grand classique de la catégorie canapé en velours.
Inspirées de l'anatomie du scarabée, les chaises Beetle du duo dano-italien GamFratesi, produites en 2013, se défendent plutôt bien, dans une veine qui rappelle la fameuse Orange Slice de Pierre Paulin.
Côté tapisserie, les artistes ne sont pas en reste question velours serré. L’œuvre de haute lice Parzeczew III de Bertrand Lavier, sortie de la manufacture des Gobelins en 2011, juxtapose boucles et points noués.
Elle est une déclinaison velours de ses tableaux en néons du même nom, où les shaped canvas de Frank Stella rencontrent non sans magie les sculptures en tubes fluo de Dan Flavin. Quand le mobilier et l'art adoptent un regard de velours, comment résister ?