Entretien Judith Spinoza
BEAUTÉ Fondée en 1877, Cosmydor promeut dès sa création des produits composés exclusivement de végétaux. Près d'un siècle et demi plus tard, la marque de cosmétiques, relancée en 2018 par Xavier Quattrocchi-Oubradous effectue un sans faute dans la fabrication de ses crèmes et de ses packagings. Après un premier entretien, deuxième partie d'une interview 100% naturelle sur le futur de la cosmétique.
Xavier Quattrocchi-Oubradous, pensez vous que la cosmétique responsable ou vertueuse sera la norme de tous les cosmétiques ? Et si oui, dans combien de temps ?
Non, car ce principe est incompatible avec une recherche systématique du profit. C’est une philosophie de long terme, qui s’accommode mal d’obligations de résultats trimestriels à délivrer à la Bourse. Il suffit d’observer l’industrie alimentaire, qui a une vingtaine d’années d’avance sur la cosmétique : il reste du chemin avant le tout bio, les recettes sans additifs/sel/sucre/gras/etc., et la fin des packagings inutiles…
C'est très pessimiste comme constat…
Nous sommes pourtant optimistes, car les consommateurs de cosmétiques prennent rapidement conscience, partout dans le monde, qu’ils doivent faire attention à leur peau, à leur santé et à la planète, et que tout est lié. Ils apprennent à reconnaître le « green washing », à lire les listes les ingrédients, à apprécier des textures naturelles. En réalité, ce sont les consommateurs qui accélèreront le changement vers plus de responsabilité. Il faut qu’ils soient de plus en plus exigeants auprès des marques.
L'immense progrès serait d’intensifier la lutte contre un ennemi présent partout, le pétrole
Quels sont les grands défis et progrès à faire pour la cosmétique responsable ?
L'immense progrès serait d’intensifier la lutte contre un ennemi présent partout, le pétrole. Le pétrole existe dans la plupart des formules, alors que les plantes fournissent toutes les solutions pour une incroyable efficacité du soin. Le pétrole est présent dans la plupart des emballages, alors que d’autres matériaux sont non-toxiques pour l’environnement. L’extension du bio est un autre facteur de progrès à approfondir car il signifie moins de pesticides, moins d’herbicides, moins d’OGM.
Quelles sont ces solutions que fournissent les plantes ?
Sans exception, sans limite d’efficacité, la nature fournit des solutions, fruits de 500 millions d’année d'évolution. Certaines sont utilisées depuis des millénaires, c’est du savoir-faire botanique, d’autres nous sont révélées par des technologies d’analyse des molécules fabriquées par les plantes, comme dans la recherche pharmaceutique. Pas besoin d’utiliser de pétrochimie comme matière première ! En réalité, aucune molécule de synthèse n’arrive à la cheville du karité, du cupuaçu ou de l’olive.
C’est au segment le plus luxueux de l’industrie de montrer la voie
Que va générer la généralisation de la cosmétique responsable ?
L’extension de cette cosmétique responsable devrait permettre de baisser également ses coûts, permettant à plus de consommateurs d’y avoir accès. Nous pensons que c’est au segment le plus luxueux de l’industrie de montrer la voie, car sa désirabilité pourra influencer le reste du marché. Nous lisons de plus en plus que le luxe sera éco-responsable ou ne sera pas. Je ne sais pas si l’avenir est aussi clair, mais je l’espère !
Découvrez ici la première partie de l'entretien de Xavier Quattrocchi-Oubradous.