Par Charles Barachon
DESIGN Noué ou brodé, il ferait presque passer les plus beaux kilims iraniens pour des objets dépassés. Le tapis est aujourd'hui à la fête et sait mieux que jamais remplir son rôle d'habit indispensable pour sublimer un intérieur et raconter une histoire.
Pour autant, les designers ne sont pas des ingrats, ils n'ont pas envoyer paître la tradition. La preuve avec le tapis Blue/Green aux motifs enrubannés et ses nuances d'une quarantaine de couleurs des Flamands Muller van Severen, fruit d'une collaboration avec la maison anversoise Ashtari et noué au Népal. De l'aérien, de la grâce à fouler, comme s'il en pleuvait.
Dans des dimensions similaires (200 x 300 cm) mais beaucoup plus graphique et porté sur les rêves, le Dreamstatic aux accents psychédéliques de David/Nicolas pour Moooi Carpets (Pays-Bas) a des motifs dont il faut chercher la source du côté des tapis orientaux anciens.
Dans la catégorie des légendes posthumes, la maison Amini a eu la très bonne idée de convertir les fameux dégradés de couleurs de Joe Colombo en une série de tapis circulaires (Isola, photo du haut).
Les artistes contemporains ont aussi leur mot à dire : Damien Hirst a lui-même édité un tapis circulaire abstrait, explosif, dans la veine de ses tondos et avec un titre ciselé par le néo-pop art (Beautiful Saucy Spit Roast it’ll All End in Tears Rug, Other Criteria).
Enfin, pour un intérieur qui fait le paon avec humour, on optera pour le Peacock d'Edward Barber & Jay Osgerby (The Rug Company). Sans se prendre les pieds dedans, bien sûr.