Entretien Judith Spinoza
LUXE En mai, deux ans après « Petit R », un « mapping » animé lors de dîners à la maison Ruinart, la célèbre marque de champagne a présenté au Pavillon LVMH de VivaTech une nouvelle expérience immersive sous la forme d’une application. De la réalité virtuelle et augmentée aux réseaux sociaux, Frédéric Dufour, président de la maison champenoise, détaille les raisons de cette course au numérique.
Frédéric Dufour, comment active-t-on la nouvelle application Ruinart ?
Il faut scanner l’étiquette sur nos flacons qui, une fois reconnue, donne accès à des petites séquences de réalité augmentée sur nos savoir-faire et notre histoire. On peut faire des captures d’écran de cette réalité augmentée et la partager ensuite sur les réseaux sociaux, par exemple.
La nouvelle appli Ruinart.
Quel est l’enjeu de la réalité virtuelle/augmentée pour une marque de champagne ?
C’est d’inscrire dans la modernité une marque multiséculaire. Le digital est un vaste sujet qui nous passionne. Nous avons d’abord fonctionné de manière empirique et instinctive, en ouvrant nos premiers comptes au début des années 2010. Puis, vers 2015, nous avons commencé à mettre en œuvre une véritable stratégie digitale. Nous avons désormais une équipe dédiée à ces sujets.
Cherchez vous à toucher en priorité les millenials ?
Nous pouvons attirer aussi bien des passionnés de vins que des curieux ou des collectionneurs d’art contemporain. Nous ne cherchons pas à séduire spécifiquement les millenials, mais plutôt les épicuriens dans leur diversité, ceux qui se sentent une affinité avec notre maison. Notre communication digitale nous permets d’établir un lien fort et de proximité avec ces communautés : nous répondons à tous les messages, repostons parfois…
L'expérience Petit R.
Une marque parle-t-elle de la même façon sur Instagram que sur Twitter ?
Non. Instagram nous permet d’exprimer la modernité et la créativité de la maison : nous ne privilégions pas d’actions rémunérées avec des macro-influenceurs, mais plutôt des opérations ciblées avec des micro-influenceurs. Par exemple, nous avons développé depuis 2018un programme de jeunes photographes pour nourrir notre page Instagram ; Facebook nous permet de relayer des actualités et des événements locaux ; Twitter, de nous adresser à des passionnés de vins ; Linkedin, de communiquer sur la marque employeur.
Le digital ne tue pas l’expérience réelle, il l’anticipe.
Pouvez-vous mesurer les effets de cette stratégie ?
La spécificité de notre modèle de distribution ne nous permet pas d’évaluer l’impact direct de notre stratégie digitale sur le business. Mais Ruinart est aujourd’hui, en France, l’une des marques de champagne qui fait le plus de bruit dans l’univers digital et qui a l’un des plus fort taux d’engagement.
Ruinart à VivaTech.
Quelles sont les perspectives à moyen long terme ouvertes par le digital pour des maisons patrimoniales comme Ruinart ?
Le digital est un outil formidable qui permet une nouvelle proximité, une nouvelle narration. Pour les marques de vins et spiritueux, c’est également une occasion d’établir un lien direct avec le client, de mieux le comprendre, de savoir qui il est. Enfin, nous sommes tous devenus influenceurs potentiels, cela nous encourage à redoubler d’effort. Le digital ne tue pas l’expérience réelle, il l’anticipe, l’amplifie.
Découvrir l’univers Ruinart :
www.ruinart.com