Par Charles Barachon
DESIGN Ils courent plus les galeries de design que les grands noms de l'édition, produisent des pièces uniques ou en série très limitée et suivent une logique de production cousine de celle du marché de l'art. Les designers de la génération Y les plus en vue répondent à ce courant fort qui lient arts plastiques et design.
Le collectionneur qui achetait du Julian Schnabel mais se cantonnait aux meubles années 50 s'est désormais entiché de mobilier contemporain.
La plus prestigieuse foire d'art contemporain, Art Basel, ne s'y est d'ailleurs pas trompée : la création de son salon design à Miami prouve la vitalité des galeries spécialisées dans la discipline, mais révèle surtout l'intérêt grandissant des amateurs des années 2000 et 2010 en matière de design. Le collectionneur qui achetait du Julian Schnabel mais se cantonnait aux meubles années 50 s'est désormais entiché de mobilier contemporain.
Les tapis en algues et filets de pêche de Nienke Hoogvliet .
Du côté de l'offre, il faut dire que tous les voyants sont au vert : des expérimentations autour de la nature des Italiens de Formafantasma au travail sur le métal du duo norvégien Kneip, du tapis en algues cousues sur un filet de pêche de la Néerlandaise Nienke Hoogvliet aux urnes en résine ressemblant à des aurores boréales de Hilda Hellström, l'avant-garde du design regorge de talents.
Les lampes de Paola Petrobelli.
Précurseur de la série limitée 2.0 depuis 1999, la galerie Kreo de Didier Krzentowski, à Paris, a été la première à inviter des designers comme les Bouroullec ou les Campana à produire à échelle confidentielle. Depuis, elle a fait des émules question primeur : les lampes en verre de Paola Petrobelli se trouvent à la galerie Libby Sellers (Londres), les meubles qui recyclent les matériaux de l'architecture de Robert Stadler à la Carpenters Workshop Gallery (Paris et Londres) et les fraîches créations des Belges Muller van Severen (photo du haut) à Matter (New York)…
Le travail sur le métal du duo norvégien Kneip.
Ces designers à l'âme d'artiste vont-ils filer leur carrière sans jamais mettre un pied dans l'industrie ? Difficile de le savoir pour le moment. On peut cependant craindre qu'à l'avenir, certains faux collectionneurs et vrais spéculateurs finissent, comme c'est déjà le cas dans le marché de l'art, par mettre le grappin sur la planète design.