IDÉES Que ce soit dans le luxe ou le prêt-à-porter, les créateurs tiennent absolument à laisser notre buste s’exprimer. On a ainsi le choix entre le top « We should all be feminist » de Dior (photo du haut), la robe « Rated X » de Jeremy X ou le pull « L’aveugle par amour » de Gucci selon son degré de panache.
Et si notre portefeuille est moins riche que notre vocabulaire, la fast fashion et les petites marques ont aussi leur mot à dire. Chez H&M, les tee-shirts à messages sont légion, comme chez Zara, Undiz, Maison Labiche, La Redoute, Monsieur Tshirt ou Urban Outfitters.
« Sale gosse », « Ain’t Yves without Laurent », « J’peux pas, j’ai apéro », « Nietzsche ta mère », font ainsi partie des humeurs du moment façon slogan. Les logos aussi font leur show. Fila, Adidas, Nike, Trasher, Supreme : on n’hésite pas à afficher sa marque préférée comme un statement.
L’autre grosse tendance, c’est le tee-shirt de groupie, qui là aussi à quelque chose à nous annoncer : on est fan d’un artiste et on est très rock’n’roll. Zara s’associe cette saison avec les Rolling Stones pour une collection capsule tandis que H&M riposte avec des tee-shirts Iron Maiden, AC/DC, Metallica, Joy Division, Nirvana et Guns N’Roses. La marque Brandy Melville cartonne, elle, avec ses hauts à l’effigie du Grateful Dead ou des Pink Floyd.
Résultat, une flopée de jolies filles qui n’ont sans doute jamais écouté une seule chanson de Slayer se retrouvent à porter ces symboles de sauvagerie musicale. On ne compte plus les apparitions des Kardashian en tee-shirts hard rock. Quelques lettres gothiques pour gagner en darkness et profondeur, là où tout n’est que rose bonbon et futilité ?
A l’origine de ce revival, l’influence de festivals de musique comme celui de Coachella, devenus au fil du temps tapis rouges à it-girls en recherche de rock cred’.
Autre raison de cet engouement, la chute du business musical, obligé d’imaginer d’autres modèles économiques pour survivre, dont les produits dérivés. De Justin Bieber à Beyoncé en passant par Kanye West et Rihanna, le tour merch’ s’est offert un relooking premium, en s’inspirant notamment de l’esthétique du collectif Vetements et du streetwear pointu. Des pop up stores dédiés aux produits dérivés ont même vu le jour, comme celui à New York en mars dernier de Kanye pour The Life of Pablo (1 M$ gagnés en quelques minutes).
Si la mode constitue un moyen de dire qui l’on est, elle semble chercher encore plus de sens à l’aide de punchlines plus ou moins bien senties (le cinglant « Bitch I know you know » pour Rihanna).
Une façon de renouer avec la vision « intello » de la mode, telle que la voyait la grinçante Virginia Woolf bien avant que Justin Bieber ne voit le jour : « Vaines bagatelles qu’ils semblent être, les vêtements ont, disent-ils, un destin plus important que de nous tenir chaud. Ils changent notre vision du monde et le point de vue du monde sur nous. »