Par Jean Privé
MODE « La mode ne s’était jamais ouverte au moche, j’ai initié cela », estime Miuccia Prada. La créatrice italienne a en effet bâti la réputation de Prada autour d’une esthétique kitsch et chic à l’image de l’iconique sac en nylon de la marque, créé en 1985.
Mais dans le travail de Miuccia, le ringard est subtil et se lit entre les lignes de couture et les matières éclectiques. Or en 2017, le moche bat tous les records du premier degré, comme un statement à ne pas oublier.
« C’est moche, mais c’est pour ça qu’on aime », affirme par exemple Demna Gvasalia, fondateur du collectif Vetements et directeur artistique de Balenciaga. Mais aime-t-on vraiment sa collaboration avec Juicy Couture ? Qui est fan de ses cuissardes à talon briquet ou ses sweat-shirts Titanic ? Mystère et boule de moche.
Ce qui est sûr, c’est que Gvasalia a eu le génie de comprendre les besoins d’une nouvelle génération anti-système et d’en faire un business florissant à travers plusieurs prismes : confusions des genres et célébration de l’imparfait face aux stéréotypes dominants de la beauté.
Alors, les podiums s’affolent et rivalisent d’idées les plus folles sans faire de concession : Christopher Kane brode de pierres des Crocs (photo du haut), Niels Peeraer rend hommage au kawaï avec ses sacs et accessoires hors du commun, Hood By Air s’associe à Pornhub, les tapisseries de grand-mère deviennent des pulls chez Gucci alors que le survêt’ Sergio Tacchini s’invite le temps d’une collection chez Gosha Rubchinskiy. Bien moche, mais tellement tendance.