Par Jean Privé
MODE Jusqu’ici, tout va bien. Du moins, en apparence. La fashion week londonienne a généré 269 M£ de revenus. C’est 20% de plus qu’en 2015, et 27% de plus qu’en 2014. Ce succès, Londres le doit à son British Fashion Council (BFC) qui, chaque année, redouble d’efforts et d’idées innovantes afin de faire de sa fashion week l’événement de la saison.
Faute de gros annonceurs – à part Burberry ou Alexander McQueen –, la fashion week de Londres a mis du temps avant d’être prise au sérieux par les médias qui lui préféraient Paris et Milan où se concentre la majorité de ceux qui « payent des pages de publicités ».
Pour renverser la tendance, le BFC a misé sur sa jeune garde, issue en grande partie de la Central Saint Martins : bourses, accompagnement post-diplômes… Mary Katrantzou, Craig Green, Marques Almeida (lauréat du LVMH Prize 2015), Grace Wales Bonner (lauréate du même prix en 2016), Richard Quinn (lauréat du H&M design award 2017) : au pays du Brexit, les créateurs en devenir se ramassent à la pelle.
Mais c’est justement le Brexit qui pourrait remettre en cause cet élan. Outre le fait que 96% des membres de la Fédération des industries de créations britanniques ont voté non au référendum, Londres pourrait vite perdre sa place de plaque tournante cosmopolite et novatrice.
Moins ou plus du tout de financements européens, tarissement des créateurs émigrés, échanges commerciaux plombés par la faiblesse de la livre… « Si les réglementations venaient à entraver la libre circulation des personnes, la mode et le luxe pourraient en pâtir », explique Mario Ortelli analyste chez Sanford C. Bernstein.
Dans cette ambiance incertaine, les créateurs n’ont pas manqué de mettre en avant leurs inquiétudes lors de la présentation de leurs collections homme pendant la fashion week de janvier. Les bad boys de Christopher Shannon défilaient cagoulés de drapeaux anglais déchirés, ceux de Matthew Miller organisaient une manifestation lors du final tandis que Grace Wales Bonner faisait défiler des mannequins de toutes les origines, la main posée sur le cœur, comme pour célébrer ce multiculturalisme si propre à Londres. Après le Brexit, le Fashionxit ?