Par Julien Domèce
FUTURS Le web est-il une invention comparable à celle de l’écriture ? En janvier 2014, la revue Documentaliste-Sciences de l’Information imagine les scénarios possibles de l’information dans cinquante ans. Olivier Ertzscheid, chercheur en science de l’information et de la communication, met le focus sur l’évolution du web d’ici 2060.
Le World Wide Wear. Le corps comme interface. Bardé de capteurs, cerné de miroirs, mesuré, affiché, édité, planifié, optimisé.
Disparition progressive des écrans, interconnectivité, algorithme omniprésent… Bienvenue dans l’outerweb ou l’explosion d’Internet dans la réalité, et l’infranet, le monde des objets connectés. Dans son article, le chercheur explique : « Les écrans auront disparu. Disparus à force d'être omniprésents. Ils auront été intégrés aux murs de nos maisons, aux pare-brises de nos voitures, aux verres de nos lunettes, aux cadrans de nos montres. Google Glasses, montres connectées, vêtements intelligents. Le World Wide Wear. Le corps comme interface. Bardé de capteurs, cerné de miroirs, mesuré (quantified self), affiché, édité, planifié, optimisé. » Autre indice : la disparition des claviers. Avec elle, c’est la distance réflexive de l’écrit qui serait menacée.
La privatisation du web ? Aux mains des fameux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), les services de location de biens de consommations pousseront partout sur la Toile. Résultat, nous paierons des accès pour une durée définie. Question algorithme ? Partout, tout le temps, il calculera chacun de nos choix en temps réel.
Certes, prédire l’avenir est un exercice à risques. En témoigne le flop retentissant des Google Glass érigées en must-have de 2014. Mais pour Olivier Ertzscheid, tous les outils d’un web omnipotent sont déjà en marche : « Le cyberespace n’existe plus. Il est l’espace. » Reste à inventer la manière dont nous l’utiliserons.