CULTURES En mai dernier, on découvrait le superbe fanzine de la photographe anglaise Fia Yaqub. Adulée par Richard Kern et Nick Knight, elle a passé un été à photographier ses dates Tinder aux quatre coins de l’Amérique. Pour fuir la censure du Net (beaucoup de filles nues), elle a décidé d’imprimer ces photos intimes dans un journal auto-édité et intitulé Peaches. Le meilleur moyen qu’elle ait trouvé pour contourner les règles strictes d’Instagram et publier du « contenu inapproprié ».
Le très beau «Peaches» (ci-dessus et photo du haut).
Dans le même esprit, les photographes Jannis Birsner et Matt Lambert ont créent un zine pour immortaliser la scène underground de Berlin et celle très punk de L.A. Leur bébé, VITIUM, dévoile des photos d’hommes à poil(s) dans une ambiance homo-punko-queercore qui résonne comme un pamphlet contre la puissance de la culture hétéronormée.
«Vitium», roi de la bande rouge.
En France, on trouve également quelques beaux spécimens de ce type de publications comme Black Out (dédié au skate), Féros (très érotique) ainsi que les très arty Mekanik Copulaire et Rotten Eggs Smell Terrible.
«Black Out», l'esthétique «Mekanik Copulaire» (Bill Noir) et «Rotten Eggs Smell Terrible».
Mais le plus beau d’entre eux est sans doute le tout nouveau Fanpages, à mi-chemin du livre et du fanzine. Edité par Bay Garnett et Kira Jolliffe chez Idea Books en Angleterre, il affiche en « une » de son premier numéro Chloë Sevigny. A l’intérieur, des personnalités dévoilent de quoi ou de qui elles sont fans, renouant avec l’idée première de ce genre de publications.
Chloë Sevigny en couv' de «Fanpages».
En effet, le mot fanzine vient de « fanatic magazine ». Né dans les années 1930, sans intérêt financier et farouchement indépendant, le fanzine célèbre une philosophie DIY très contestataire – « N’attends pas que les autres le fassent, fais-le toi-même. »
Pourquoi un retour fracassant du fanzinat en 2016 ? Outre la crise de la presse traditionnelle et la rétromania générale, on peut y voir une réaction aux images trop léchées des magazines officiels ainsi qu’à la pudibonderie des réseaux sociaux. Trop d’information contrôlée et d’images retouchées ? « Ne critiquez pas les médias, soyez les médias », annonce haut et fort la plateforme alternative Indymedia.