Par Charles Barachon
DESIGN Plein sud, un peu à l'écart du cœur de Milan, dans le quartier de Chiesa Rossa, l'église Santa Maria Annunciata combine l'architecture italienne des années 30 et le style néoroman. A l'intérieur, une merveille de l'art minimal lui donne une autre dimension (photo du haut et ci-dessous).
Ave Dan Flavin.
L'installation de l'Américain Dan Flavin, faite de tubes colorés fluo, irradie la nef, le transept et l'abside de ses lumières bleues, vertes, roses et jaunes, noires aussi. Perle in situ, l’œuvre évoque le cycle chromatique d'une journée, amène du spirituel dans l'art, de l'art dans le spirituel.
Flavin n'est pas le seul grand artiste à avoir été invité en territoire religieux. A Cologne où il vit, Gerhard Richter a créé l'un des vitraux du transept de la vertigineuse cathédrale.
Le vitrail de Richter pour la cathédrale de Cologne.
Composé de 11 500 carreaux de verre soufflé de soixante-douze couleurs différentes et agencés de manière aléatoire, pour dresser une palette kaléidoscopique où les choix subjectifs de l'artiste laissent la place aux dieux du hasard et à l'universel.
A Conques, les vitraux de l'abbatiale romane Sainte-Foy du XIe siècle ont été confiés à la fin des années 80 à Pierre Soulages, un enfant du pays aveyronnais.
Pierre Soulages à Conques.
Translucides, reliés par les lignes droites ou courbes chères à l'artiste, strictes comme la vie monacale, les variations lumineuses qu'ils créent ont tout de la profondeur mystique et de la magie qu'on retrouve dans la peinture de Soulages.
Côté design, Mathieu Lehanneur a donné une sérieuse touche de modernité à la ville de Melle, dans les Deux-Sèvres, en livrant sa version du chœur dans l'église Saint-Hilaire.
Mathieu Lehanneur à Melle.
Là, une minéralité extrême et virginale, créée par des strates de marbre blanc construites en escalier et du mobilier liturgique en albâtre ambré, crée un chaos géologique, dompté, qui répond à la pureté de la géométrie romane.
Toute aussi phénoménale, la chapelle contemporaine San Giovanni Battista, construite par Mario Botta dans le village de Mogno, en Suisse.
Mario Botta à Mogno.
Un cylindre tronqué au toit faisant office de puits de lumière, répète à l'extérieur comme à l'intérieur son jeu de damier et de lignes noires et blanches, marbre et granit quasi psychédéliques. L'avant-garde se loge aussi là où l'on s'y attendait le moins.