Par Benjamin Rozovas
CULTURES On peut faire dire n’importe quoi à des images selon l’ordre dans lequel on les arrange et la vitesse avec laquelle on les fait défiler : c’est le propre du montage. Mais Vic Berger, monteur freelance installé dans un grenier au-dessus de son garage, insiste sur un point très important : ce qu’il met en lumière dans les vidéos étranges et inconfortables postées sur son compte Vine n’est qu’une amplification de ce qui existe déjà dans le matériau brut quotidiennement mis à disposition sur internet ou à la télévision.
Un discours de campagne de Donald Trump dénonçant la vilénie du peuple chinois (parce qu’ils mangent des chiens) devient ainsi, par une combinaison de longs silences agonisants et de bruitages signifiants (le souffle d’un blizzard sur la bouche grande ouverte de Donald), une embarrassante mise à nu du candidat républicain en fasciste alpha grillé du cerveau.
Une intervention quelque peu sénile de Bill Cosby chez Jimmy Fallon se transforme en authentique cauchemar lynchien : l'animateur du show cogne une boîte sur son bureau et donne l’impression de contrôler les gesticulades arthritiques du comédien accusé de viols.
En novembre dernier, il postait un détournement de la vidéo du gouverneur de Floride chantant maladroitement les louanges des produits Apple, accompagné de la promesse de se faire tatouer #Jeb4Prez à partir d’un millions de vues. A sa grande surprise, le million fut atteint et Bush lui-même, via son bureau de campagne, encouragea Vic Berger à tenir sa promesse.
Berger apparut donc sur CNN et d’autres médias avec le fameux tatouage plastronné sur son cou. Un faux tatouage, bien sûr. Il concocta une étrange fiction autour de son personnage de fan de Jeb, allant jusqu’à créer un faux compte Twitter attribué au papa de Vic Berger, celui-ci mettant en doute la santé mentale de son fils.
Toute l’Amérique s’empara du fait divers jusqu’à ce qu’il fut révélé que Berger était un collaborateur fréquent du duo comique Tim et Eric et que toute l’histoire était un hoax… Le nouveau situationnisme viral a un nom. Il s’appelle Vic Berger.
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