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L’art peut-il être laid ?

Par Charles Barachon

CULTURES Loin de l’esthétique du lisse, du fin, du brillant qui fait sa loi en matière de critères de beauté ; loin, aussi, de la beauté d’indifférence chère à Marcel Duchamp pour échapper à ces mêmes canons, la laideur en peinture est en train de devenir un courant important.

Chez John Currin – dont la cote vole haut à la galerie Gagosian –, le laid et le beau entrent en fusion pour camper une satire sociale corsée des classes fortunées américaines, tout en ayant toujours un œil sur les maîtres de la peinture ancienne. Comme si les personnages de Fragonard avaient muté à travers le filtre du burlesque, du vice et de la chirurgie esthétique.

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John Currrin, «The Old Fur».

Grands connaisseurs de la peinture eux-aussi, plus habitués à peindre des versions singulières de la montagne Sainte-Victoire ou à mettre en scène l’aspect tragique des pin-ups dans le flux permanent des images, Ida Tursic et Wilfried Mille, actuellement à la Fondation d’entreprise Ricard, ont également exploré l’ignominie, le mauvais goût version trash.

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Tursic & Mille, «la Demoiselle de Willendorf».

Leur Demoiselle de Willendorf a pour source une image d’exhibition sexuelle assez monstrueuse, alors que le titre renvoie à une célèbre statuette en calcaire du paléolithique, représentation étrange d’une femme dont l’obésité sévère symboliserait la fertilité.

Dans son abstraction organique dont les empâtements conséquents et les coulures répétées associent peinture, fleurs en décomposition et mousse synthétique, Sarah Meyers Brent (ci-dessous et photo du haut) crée quant à elle des œuvres qui célèbrent la pourriture proliférante, physique et visqueuse du vivant.

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Sarah Meyers Brent, oups!

Explorée dans le passé par des artistes comme Francis Bacon ou Willem de Kooning, la laideur trouve chez l’Irlandaise Genieve Figgis une tonalité grotesque et macabre que l’on peut explorer à la galerie Almine Rech à Bruxelles. Ses portraits et scènes de genre à l’atmosphère inquiétante, psychédélique, caricaturent à outrance la face obscure de la noblesse et de la bourgeoisie des siècles passés.

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Genieve Figgis, «Eating Each Other».

Une exploration du laid qui, comme chez Currin et Tursic & Mille, assigne souvent les grands peintres anciens, de Manet à Goya, mais se fait aussi l’écho du romantisme acide d’Edgar Allan Poe. Anti-académisme à tous les étages.

La beauté du laid :
John Currin. 
Ida Tursic et Wilfried Mille. à la Fondation d’entreprise Ricard.
Sarah Meyers Brent.
Genieve Figgis à la galerie Almine Rech.

 

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