ÇA VIENT D'OÙ ?
Années 1950 : en nylon bleu marine ou vert olive-kaki, une poche zippée sur la manche, les premiers bombers apparaissent dans les rangs de l’US Air Force sous les noms Flight Jacket MA-1, MIL-J-8279 ou B-15 (celui avec un col en fourrure). En 1963, la doublure verte de la veste est remplacée par un tissu orange, ce qui permet permet aux pilotes ayant besoin d’aide d’être repérés plus facilement.
Bomber, we want you !
Dans les années 1960, le fabricant Alpha Industries décide de commercialiser la veste. Schott en propose aussi un modèle bien coupé. Au départ en cuir, il est fabriqué désormais en fibre synthétique, moins onéreuse et plus agréable à porter car plus souple. Carton chez les skins des années 1980, chez les rappeurs dans les années 1990 et dans le mouvement mi rave-mi punk gabber où il devient, avec le bas de survêt’, un attribut indispensable pour affronter la nuit.
Bombers, cheveux et idées courts.
DU FRONT AU FRONT ROWS
Début 2000, le bomber devient plus fashion, notamment avec le modèle Pyramide de Raf Simons. En 2011, avec le phénomène Drive, tout le monde veut être Ryan Gosling en blouson satiné orné d’un scorpion. En 2015, il devient un must grâce à la collection pour Adidas d’un autre séducteur androgyne, Kanye West.
Kanye bombe le torse.
Récemment, on l’a vu dans différentes couleurs et tissus (en soie, par exemple) chez Saint Laurent, Givenchy, Dior, MSGM, Isabel Marant, Vetements (photo du haut), Balenciaga, Marc Jacobs, Alexander Wang et Dries Van Noten.
En ce printemps 2016, on en trouve sous toutes les coutures (mais plutôt en version XXL) chez Asos, H&M, Topshop, Monki, Zara, Mango, chez l’homme comme chez la femme.
Chez Saint Laurent.
POURQUOI ÇA REVIENT ?
Plus rock que le trench, plus décontracté que le blouson en cuir, le bomber combine deux tendances de l’époque : l’unisexe et le streetwear. C’est au fond une pièce très génération K – celle qui vient après la génération Y – dernièrement décrite dans une tribune du Guardian comme comme proche du personnage Katniss de Hunger Games : rebelle, dotée d’un certain sens du sacrifice et angoissée face à l’avenir.
La guerrière urbaine de Zara.
Ayant grandi en pleine récession, bombardés d’images de conflits en tous genres, les « K » ont intégré la violence et la précarité à leur logiciel. Dans leur bomber en satin brodé, les guerriers urbains qu’ils sont en train de devenir y trouvent aussi un réconfort glam, comme une signature du monde qui vient.