Par Charles Barachon
IDA TURSIC & WILFRIED MILLE, GALERIE ALMINE RECH
Comme les nervures d’une feuille, la peinture d’Ida Tursic et Wilfried Mille a le bonheur d’emprunter chaque fois des chemins un peu différents, avec la même liberté. Portraits, paysages, grands et petits format livrent leurs secrets de fabrication capitaux et flirtent avec l’abstraction : les amas de matière et coulures de peinture qui maculent les sujets révèlent ici la quête de la bonne couleur, là l’attente de l’accident parfait, plus loin le détournement approprié d’une photo amateur prise sur le web.
«Marcel Duchamp.»
Pop, intellectuelle, leur peinture orchestre la rencontre du glamour 50’s de Bettie Page avec la mythologie grecque (les Trois Grâces) et les infirmières pulp de Richard Prince, donne à la montagne Sainte-Victoire des allures de séance d’ésotérisme réunissant Richter, Warhol et Cézanne, et réunit sur un mur de portraits intimes et en Technicolor de Kurt Cobain, Marcel Duchamp ou Michou Houellebecq. Une peinture pleine de vie.
Jusqu’au 30 juillet. 64 rue de Turenne, 75003 Paris.
BERTRAND LAVIER, MONNAIE DE PARIS
Invité à la Monnaie de Paris, Bertrand Lavier n’a pas raté l’occasion de rendre un hommage touchant et pas chiche en traits d’esprit à son grand ami Raymond Hains, artiste regretté, disparu en 2005. Chaque salle de l’hôtel particulier du XVIIIe siècle réserve son lot de surprises, de jeux avec les mots et les images, d’art vu comme un chantier permanent.
«Merci Raymond !»
Déclinaison en néons façon Flavin des shaped paintings de Stella par Lavier, palissades et vérités de La Palice de Hains, élégants diptyques monochromes in situ du premier grâce à deux marques de peinture murale portant le même nom sans avoir le même ton (« jaune soleil », « bleu de France »), affiches lacérées sur panneau Dauphin du second ou encore blanc d’Espagne et brush strokes cultes de Lavier. Une expo pour les gourmets de l’art.
Jusqu’au 17 juillet. 11 quai de Conti, 75006 Paris.
MEG WEBSTER, GALERIE PAULA COOPER
S’allonger sur un épais lit de mousse de tourbe, pénétrer dans une alcôve enveloppante tout en branchages, fleuris quand c’est la saison, tourner autour d’un dôme de sel blanc ou encore flâner dans un écosystème rose en pleine pousse (photo du haut), entouré de murs de Mylar et nourri par des panneaux solaires installés à l’extérieur de la galerie Paula Cooper…
La nature de Meg Webster.
Les sculptures et installations délicates de Meg Webster, dans la tradition du land art mais aussi des épures minimalistes, sont des expériences à vivre avec tout le corps, comme autant d’hommages rendus à la beauté de mère nature, sa fragilité et sa fertilité. Osmose, quand tu nous tiens.
Jusqu’au 25 juin. 534 W 21ST Street, New York, NY 10011.