Par Charles Barachon
AMALIA ULMAN À LA NEW GALERIE
Chef de file du courant post-internet, l'Argentine de 27 ans qui vit à Los Angeles avait fait sensation avec Excellences & Perfections, une série de selfies postés sur Instagram et Facebook où elle se met dans la peau d'une lolita fondue de cosmétique, d'une ghetto girl aux seins siliconés ou d'une executive woman revenant d'un shopping downtown.
Pour sa première expo parisienne, l'ancienne escort girl présente deux installations : une réplique partielle de son bureau californien (photo du haut), également occupé par l'un de ses avatars burlesques, un pigeon nommé Bob, et l'espace de détente fictionnel de son entreprise, truffé de dessins façon The New Yorker.
Imprégnées par la paranoïa-critique de Dali, elles mettent en scène un monde des affaires contemporain où se mêlent les stéréotypes autour du rôle de la femme et de son élégance, les coups bas, la réputation, le prestige et la caricature du WASP. Une vision de la société aussi perspicace et délirante qu'un roman de Thomas Pynchon.
Jusqu'au 17 décembre. 2 rue Borda, 75003 Paris.
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CY TWOMBLY AU CENTRE POMPIDOU
Quelques mois avant de fêter ses 40 ans, le Centre Pompidou a mis les petits plats dans les grands avec cette rétrospective magnifique et pleine de redécouvertes de Cy Twombly, l'un des peintres les plus importants de ces soixante dernières années. Matière, coulures, éclaboussures, graphes, saturations des couleurs, traits à la craie, paysages atmosphériques à l'huile, tout y est.
Dans ses abstractions auxquelles il associe souvent quelques motifs figuratifs et de la narration sous forme de texte, l'Américain (1925-2011), qui a vécu entre New York et l'Italie, fusionne l'héritage de l’expressionnisme abstrait avec l'Antiquité égyptienne, grecque et romaine, les mythes, les légendes et l'histoire du XXe siècle.
L'art de Twombly est une odyssée homérique qui raconte la vengeance d'Achille, la sensualité des nuits romaines, le règne du pharaon Sésostris Ier ou la cruauté de l'empereur Commode. Une odyssée capable, aussi, d'exalter la poésie profonde d'un bouquet de fleurs ou des quatre saisons.
Jusqu'au 24 avril. Place Georges-Pompidou, 75004 Paris.
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RICHARD PHILLIPS À LA GALERIE ALMINE RECH
Twombly, justement, Richard Phillips en fait l'une des clés des nouvelles peintures qu'il présente à la galerie Almine Rech, en Belgique. Quelques années avant, le New-Yorkais avait atteint le degré ultime du post-pop, dans des portraits de Kristen Stewart et Lindsay Lohan mettant en abyme la stratégie médiatique et commerciale déployée autour de célébrités qui, en retour, avaient elles aussi pris le contrôle de ce système.
A Bruxelles, ses peintures en demi-teinte graphique et saturée remettent en scène, dans une esthétique gelée, les photos que Twombly avaient prises à Rome de sculptures fascistes mussoliniennes niant la modernité et ne jurant que par l'idéal antique. Séduisantes, ambivalentes, elles critiquent la subjugation esthétique à des fins politiques tout en étant des images d'une ultra-modernité. Une autre série de peintures reprend des fragments abstraits de toiles de Twombly, soulignant la liberté de celui-ci à être moderne avec des sources venues de l'antiquité.
Jusqu'au 25 février. 20 rue de l’Abbaye, 1050 Bruxelles.