Par Arnaud Pagès
FUTURS Réchauffement climatique oblige (le dernier rapport du GIEC* prédit une augmentation de la température du globe de 1,1 à 6,4° au XXIe siècle), une nouvelle vision de la ville fait son chemin depuis quelques années : la végétalisation, alternative séduisante pour repenser entièrement l’architecture et la façon dont nous souhaitons vivre dans les villes.
Apparue au début de notre siècle, ce courant pose patiemment ses billes au travers de nombreux projets dans le monde entier, que ce soit en Europe, en Asie ou en Amérique.
Ainsi, Vincent Callebaut, architecte belge installé à Paris, célèbre pour ses projets Dragonfly (deux fermes verticales de 575 mètres de haut en plein Manhattan) et Lilypad (des villes flottantes en formes de nénuphars), a été missionné par Anne Hidalgo pour penser le Paris de 2050.
Au programme, son concept « archibiotic » (mix entre « architecture » et « biotechnologies ») appliqué à la Ville lumière (photo du haut) : les façades se transforment en « épidermes », « intelligents, régénératifs, organiques ».
« Les toitures sont les nouveaux sols de la ville verte. Le jardin n’est plus accolé à l’édifice, il est l’édifice ! L’architecture se fait cultivable, comestible. Tous les déchets sont recyclés, inventant ainsi une nouvelle économie circulaire », explique t-il un brin exalté.
Ce presque quadra a sans doute été influencé par Luc Schuiten, frère du dessinateur de bandes dessinées et auteur en 2010 du livre Vers une cité végétale, large réflexion sur le biomimétisme. Le bio quoi ? En français, le développement durable au sens large, c’est-à-dire œuvrant pour une réduction de l’empreinte des bâtiments sur l’environnement.
Régulation thermique naturelle des immeubles, réoxygénation des centre-villes, possibilité de produire sa propre énergie et de cultiver fruits et légumes… Un peu partout dans le monde, la bio-architecture fait des émules, comme à Singapour ou Songdo, un quartier d’Incheon (Corée du Sud), à la fois smart city et ville ultra-verte.
En attendant, comme le prédit Vincent Callebaut, qu’en 2050 « la tour Montparnasse soit recouverte d’une façade en bioréacteur d’algues vertes, capables de se nourrir de déchets pour produire de l’énergie » ?
*Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.