BEAUTÉ Voilà quelques jours, Justin Bieber faisait la une de la presse web généraliste. Un énième démêlé avec la justice américaine ? Même pas. Le chanteur, « troisième personnalité la plus puissante du monde » (comme l’affirmait Forbes), a simplement affolé ses 64 millions de followers Instagram en dévoilant une photo de ses… dreadlocks peroxydés.
Il n'en fallait pas plus pour déchaîner les réseaux sociaux, qui l'ont immédiatement accusé d'appropriation culturelle. C'est-à-dire ? Le fait pour une personne « caucasienne » de reprendre à son compte des éléments culturels caractéristiques de certaines communautés ethniques, qu'il s'agisse des Noirs ou des native Americans.
Justin Bieber n'est pas le premier à faire les frais de la police de la beauté : certaines femmes noires ont – à juste titre – interpellé la presse féminine qui vantait dernièrement les « tresses de boxeur » popularisées par Kim Kardashian. Problème : elles oubliaient de préciser qu'il s'agit d'une coiffure populaire dans l'histoire contemporaine de la communauté afro-américaine, qui n a pas attendu Kim K pour adopter ce hairstyle qu'elle appelle depuis toujours des cornrows.
Kylie Jenner, demi-sœur de Kim et cadette du clan Kylie Jenner, s’était quant à elle attiré les foudres de Amandla Stenberg il y a de cela quelques mois. Stenberg, jeune comédienne célèbre pour son rôle de Rue dans Hunger Games, militante en faveur des droits des gays (et accessoirement égérie du dernier parfum Stella Mc Cartney), avait apostrophé la starlette de télé-réalité, coupable d'avoir posté des selfies coiffée de tresses plaquées : « Quand tu t’appropries certaines caractéristiques des Noirs mais que n'utilises pas ton pouvoir pour aider les Noirs-Américains ; que tu attires l’attention sur tes perruques et non sur les violences commises par la police ou sur le racisme. #Lesblancheslefontmieux », avait tweeté Amandla.
Quand tu t’appropries certaines caractéristiques des Noirs mais que n'utilises pas ton pouvoir pour aider les Noirs-Américains.
Si on comprend aisément l'amertume des femmes noires, agacées de voir la presse s'extasier soudainement sur des coutumes initiées par des femmes de leur communauté il y a plusieurs dizaines d'années, la question se pose, sur un plan purement esthétique : pourquoi une jeune femme blanche respectueuse de toutes les cultures ne pourrait t-elle pas porter des dreadlocks ? Le top 80's Bo Derek se serait-elle vue taxée d'appropriation culturelle si elle avait affiché son iconique coiffure tressée sur Instagram en 2016 ?
C'est précisément le même type de shaming qui conduit à faire la morale aux femmes noires qui choisissent de lisser leurs cheveux : forcément victime d'une société de consommation faite par et pour les Blancs, la femme noire nie son identité pour se calquer sur les codes de beauté des Blancs.
Dès lors, pourquoi l'appropriation culturelle ne s'applique t-elle pas au port de la djellaba, ou aux marques mainstream qui réinterprètent les imprimés africains ? On peut d'ailleurs légitimement s'interroger sur le succès de la tendance beauté du bindi indien – autocollant-bijou de peau inspiré de la marque sur le front affichée par les hindous – qui n'avait pourtant pas soulevé de telles controverses. Vous avez dit « double standard » ?