DESIGN En février 2019, le centre Pompidou accueillera la tour en briques mycélium (ensemble de filaments formant la partie végétative d'un champignon) qui trône dans la cour du MoMA PS1 à New York. Sommes-nous entrés dans l’année du champignon ? A en voir son expansion, il est probablement notre futur.
Ainsi le suggère l’exposition du Natuurmuseum de Gand, Fungal Futures, en soulignant l’usage et l’impact du mycélium dans le packaging et le design pour les décennies à venir. Ce micro-organisme est déjà utilisé comme imprimante 3D écologique : selon le moule employé, il peut fabriquer une brique, un panneau, un objet, un meuble ou des chips d’emballage. « Même si des tests plus approfondis sont nécessaires, ces résultats montrent que le matériau possède des caractéristiques similaires au polystyrène expansé », souligne Gaël Packer, étudiant membre de Mycelium, Design et Architecture (MD&A).
Développée par la start-up new-yorkaise Ecovative Desig (photo du haut), comme alternative au polystyrène en 2010, la culture du mycélium ne nécessite aucun engrais ni substance toxique. Ikea y a eu recours en 2016 : « Le “fungi packaging” fait partie de nos alternatives pour réduire les déchets et augmenter le recyclage », expliquait Joanna Yarrow, à la tête du pôle de développement durable d’Ikea en Grande-Bretagne.
Depuis, le mycélium est devenu un matériau de design écologique. Au restaurant Blue Park Kitchen à New York, on s’assoit sur des sièges en mycélium alors qu’à New York, toujours, la designer Danielle Trofe, l’utilise pour sa collection de lampes Grow It Yourself.
Art ou mode, pas un secteur n’échappe à cette mushroom mania. Au printemps dernier, Faye McLeod, le visual creative director du groupe LVMH, installait des îlots suspendus remplis de champignons sauvages pour l’expo multisensorielle The Flipside du magasin londonien Selfridges.
Côté beauté, la marque de cosmétiques Saève a fait du champignon l’un des principes actifs de ses crèmes. Mieux, après le plastique, le champignon compte se substituer au cuir : au printemps dernier, la créatrice Stella McCartney, réputée pour utiliser du cuir végétal, a conçu, en collaboration avec la start-up californienne Bolt Threads, un prototype de sac à main en cuir de mycélium. « Je n’aurais jamais pensé qu’un jour, la technologie rejoindrait la mode, l’une des industries les plus désastreuses pour l’environnement, expliquait la créatrice. C’est maintenant le temps des réponses et des alternatives. »