Par Charles Barachon
DESIGN En 50 ans de création, Pierre Paulin (1927-2009) s'est imposé comme l'un des plus grands designers français de tous les temps. A l'époque des Trente Glorieuses, il représentait à lui seul l’esprit du French design à l’étranger grâce à sa façon nouvelle de concevoir un fauteuil et ses lignes faites pour être admirées pendant des siècles. Etude de cinq master pieces.
ORANGE SLICE, 1960
Un confort absolu, une certaine intimité, des lignes à la fois pop et minimales : l'Orange Slice figure logiquement au panthéon de Paulin. Le cintrage du bois pour les coques, l'une de ses spécialités, reste ici l'un des sommets du genre. Une très bonne synthèse de la simplicité et de l'élégance, d'un design industriel rimant alors avec démocratisation et plaisir.
FAUTEUIL MUSHROOM, 1960
C'est le fauteuil fétiche de Paulin. Pour ce monolithe léger dérivé du fauteuil crapaud Louis-Philippe, Paulin utilise aussi un tissu stretch sans coutures conçu avec l'éditeur flamand Artifort. C'est une petite révolution : le revêtement élastique, moulant comme un habit, va rendre dingue les tapissiers et, surtout, devenir une icône de la modernité à la Paulin, alliance de liberté de mouvements et de beauté des formes.
FAUTEUIL TONGUE, 1967
Les années hippies rapprochent les gens du sol, et le siège 577, le Tongue, a été fait pour elles. Finalisé en 1964 mais jugé trop insolent et anticonformiste, il ne sera édité que trois ans plus tard. Pratique à ranger car empilable avec ses semblables, décliné dans la vaste gamme de couleurs en vogue à l'époque, cette pièce pleine de lascivité, épurée, a été conçue pour une seule chose : la détente et le cool.
RIBBON CHAIR, 1966
Le plus sculptural des fauteuils de Paulin, le Ruban, osé et expérimental, fait toujours son effet avec sa base en bois laqué, son tissu psychédélique imaginé par Jack Lenor Larsen et son armature en tube d'acier aussi racée qu'une carrosserie italienne. Certains le placent au firmament dans l'échelle de confort made in Paulin. C'est en tout cas le plus étudié.
SALLE À MANGER DES POMPIDOU, PALAIS DE L’ÉLYSÉE, 1969
Invité par Georges et Claude Pompidou à concevoir leurs appartements personnels dès leur arrivée à l'Elysée, Paulin innove et plante un espace aux formes arrondies, typiques des années 70, tout en soignant le style à la française. La salle a manger, digne d'un décor de cinéma, est particulièrement réussie avec le piétement végétal en fonte d'aluminium, la table au plateau en verre fumé et les fauteuils en cuir retourné beige qui ont marqué les esprits. Un must.
Jusqu’au 22 août. Centre Pompidou. Place Georges-Pompidou, 75004 Paris.