Par Charles Barachon
DARA BIRNBAUM À LA GALERIE MARIAN GOODMAN
Pionnière de l'installation vidéo, Dara Birnbaum aime plus que tout démonter les codes des médias et leur esthétique. Si beaucoup d'artistes aux accents politiques le font aussi, l'Américaine s'y emploie avec une grâce qui souvent leur manque.
Ça démarre avec de sublimes images du lac de Côme et des Alpes italiennes pour se terminer sur des images brutes de la guerre en Syrie dont la sensibilité va à l'encontre de celles diffusées par les chaînes d'info continue. La guerre, l'image mais pas le spectacle, plutôt une méditation salvatrice accompagnée par la profondeur d'un psaume chanté et de sons pris dans la nature.
Jusqu'au 4 juin. 79 rue du Temple, 75003 Paris.
JÉRÉMY DEMESTER À LA GALERIE MAX HETZLER
Il se décrit lui-même comme un « peintre tzigane ». Tout juste sorti des Beaux-Arts de Paris, Jérémy Demester (né en 1988), qui a passé une partie de son enfance dans un camp de gitans dans le sud de la France, peint des tableaux holographiques monochromes réfléchissant la présence du spectateur et des abstractions bouillonnantes, à la gestuelle verticale.
On décrypte devant ce monde singulier une alchimie nourrie de traditions ésotériques. Né d'une collaboration live avec des enfants béninois lors de danses rituelles, ce cosmos nous ouvre la porte d'un univers où notre chère et tendre Raison a eu l'élégance de lâcher un peu prise. Ressourçant et prometteur.
Jusqu'au 28 mai. 57 rue du Temple, 75004 Paris.
HUBERT ROBERT AU MUSÉE DU LOUVRE
La dernière expo d'Hubert Robert remonte… aux années 30. Vue la classe visionnaire de ce peintre français touche-à-tout du XVIIIe siècle, autant de pas laisser l'occasion s'envoler. Surtout qu'on a ici affaire à une parfaite synthèse de l’œuvre de ce grand bonhomme des Lumières avec, en tête, ses paysages de ruines imaginaires et poétiques, romantiques avant l'heure, témoins fulgurants de l'émergence du monde moderne.
Les scènes de la destruction de la Bastille ou des grandes mutations de Paris qu'il a peintes ou gravées sont un régal de la même teneur.
Jusqu'au 30 mai. Musée du Louvre, 75001 Paris.