Par Charles Barachon

CULTURES Un saut dans le passé pour mieux négocier le présent. C'est bien le goût de l'époque qui a conduit plusieurs artistes contemporains de renom à explorer récits, cultures et mythes anciens en tous genres.

A commencer par Laurent Grasso, passionné d'histoire, de sciences et d'ambiances control freak, dont les fameuses peintures rétrofuturistes, exécutées à l'huile sur bois, dans le style des Italiens ou Flamands des XVe et XVIe siècles, représentent d'étranges phénomènes célestes se faisant l'écho du réchauffement climatique et des récentes catastrophes naturelles. Une atmosphère à la Nostradamus où soupçons paranoïaques et fantasmagories dignes des meilleurs thrillers fantastiques sont faits pour s'entendre. L'esprit des Oiseaux du maître Alfred Hitchcock n'est pas très loin non plus.

Laurent Grasso réactualise les XVe et XVIe siècles.

Autre figure magistrale de ce retour en arrière remarquable, l'Ecossais Charles Avery invente depuis ses premiers pas en art une fiction chorale, The Island, comédie humaine faite de dessins monumentaux aux accents dix-neuvièmistes et de sculptures inspirées de la mythologie égyptienne ou de rites africains anciens. Une lutte des classes mondiale et globalisée où se croisent street culture, Jeff Koons et innovation typique des expositions universelles d'antan.

Un des éléments de «The Island» de Charles Avery.

Charles Avery invente une lutte des classes mondiale où se croisent street culture, Jeff Koons et innovation des expos universelles d'antan.

« Qu'est-ce que le passé sinon du présent en retard ? » Cet aphorisme sympathique de Pierre Dac, l'inventeur du Schmilblick, convient aussi parfaitement à Camille Henrot et son film Grosse Fatigue, son archéologie humaniste qui met en scène l'évolution des espèces sous forme de comédie dramatique, des tribus anciennes au présent technologique le plus pointu. En clair, en art aussi, le passé a encore un bel avenir.