Sa société Trend Sourcing est une agence spécialisée dans l’étude des habitudes de consommation en beauté, santé et lifestyle green. Pascale Brousse y conseille les marques sur les nouveaux usages des consommateurs et leur livre des clés d’axes de développement. Elle dévoile ici, les grandes tendances de la beauté post-Covid.
Pascale Brousse, quelles sont les vertus de la « transparence » que vous préconisiez bien avant le Covid ?
Depuis quinze ans que divers scandales – alimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques… – ont été révélés au grand public, celui-ci a développé une quête de tout savoir ou, tout du moins, de voir l’envers du décor. Ce phénomène a été amplifié par l’aspiration au « do it yourself », aux « makerspaces », aux « fab labs » et à tout ce « faire par soi-même » qui décortique les systèmes.
Les Digital Native Vertical Brands (DNVB) se sont d’ailleurs bâties sur cette transparence…
Les DNVB, ou « les surdouées du commerce digital » comme les nomme Viviane Lipskier, ont été parmi les premières à montrer, à décortiquer l’ensemble de la chaîne de conception à leurs consommateurs et à la raccourcir à l’extrême pour éviter les intermédiaires et réduire les coûts. Leur clé de voute, c’est la co-conception avec leur communauté. Ce modèle a été énormément repris, notamment par les jeunes marques cosmétiques comme Into The Gloss.
Les grands groupes suivent-ils cette tendance ?
Pour les grandes entreprises, cela a été plus compliqué. Comment donner accès aux usines aux acheteurs ? Que dévoiler ? Comment révéler que l’on a encore des ingrédients suspects pour la santé dans les formules ? Cependant, quantité de marques, même de luxe, comme la plate-forme Bee Respect de Guerlain, l’ont fait. C’est devenu une pratique courante qui a permis de redonner une forme de confiance aux consommateurs. Les marques n’ont pas eu le choix car les consommateurs se sont emparés des applications qui décryptent les produits, je pense à Clean Beauty, Yuka, Composcan, etc.
Depuis avril 2020, vous organisez régulièrement des Lives Instagram au sujet de l’impact du Covid, en invitant des acteurs du changement de l’industrie cosmétique. Quels sont les grands enseignements que vous en tirez ?
Il est difficile de répondre et il sera judicieux d’attendre six mois avant d’en tirer les grands enseignements, notamment pour voir quelles nouvelles pratiques pendant le confinement auront été conservées dans le temps : DIY, routine de soins réduites, soin de soi au-delà de la crème via la méditation ou le yoga, priorité des autres achats…
Quelles sont les évolutions du côté des consommateurs ?
Il est probable que nous verrons une accélération de la demande santé liée à la beauté, un « nouveau clean » avec une valeur ajoutée et une efficacité prouvée. Ça passera par exemple par le lancement de produits encore plus sécuritaires, tant au niveau ingrédients que packagings, des produits renforçant l’immunité externe et interne (microbiote et microbiome), plus écologiques, utilisant moins d’eau (poudres, renforcement du solide), etc.
Qu’est-ce qui va changer côté producteur ?
L’aspect local va se renforcer, d’abord parce que notre dépendances à l’Asie a été mise à mal mais aussi par élan de soutien à l’économie nationale. Il sera rassurant de savoir que les ingrédients viennent de petits producteurs ou de lieux sourcés. De nombreuses jeunes marques le mettent en avant, comme Oden, Floratropia, Amalthéa, Les Candides, On The Wild Side et, de manière générale les marques Slow Cosmétique ainsi que de grandes marques comme Clarins, Dr. Hauschka, ou Yves Rocher.
La suite de l’analyse des tendances beauté post-Covid dans un prochain post.
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