Entretien Judith Spinoza
Sa société Trend Sourcing est une agence spécialisée dans l’étude des habitudes de consommation en beauté, santé et lifestyle green. Pascale Brousse y conseille les marques sur les nouveaux usages des consommateurs et leur livre des clés d’axes de développement. Elle dévoile ici, les grandes tendances de la beauté post-Covid (la première partie de l’entretien se trouve ici).
Pascale Brousse, quel avenir entrevoyez-vous pour l’industrie de la beauté?
Un avenir plutôt radieux lorsque l’on voit le nombre de marques créées depuis trois ans et l’engouement des consommateurs pour la beauté. Même si quantité de marques ont un succès phénoménal en proposant des produits à l’inverse de la tendance clean, notamment en maquillage, je pense que la quête de sens ira en s’amplifiant, tout du moins à moyen terme. A court terme, on observe déjà des achats dits de compensation dans tous les secteurs – ce qui en dit long sur l’avoir plutôt que l’être. Et il faut bien évidemment prendre en compte l’énorme impact économique du Covid-19 qui a fait baisser des revenus.
Être une marque transparente, clean, engagé en RSE est désormais un prérequis indispensable ?
Oui, je persiste à penser que ces qualités seront incontournables dans les années à venir et que les consommateurs se détourneront davantage des marques qui n’ont pas d’engagements prouvés en ce sens. Même si cela peut prendre plusieurs années pour modifier une formule ou un packaging clean, mieux vaut communiquer dessus en amont avec des formules types, plutôt que de se prendre un bad buzz sur les réseaux sociaux. Les indie brands savent très bien utiliser cette forme de communication honnête et de contact constant avec leur public.
Quels actions concrètes cela engage t-il pour l’industrie cosmétique ?
Cela implique des changements structurels considérables pour les grandes entreprises comme de repenser les chaînes de production ou d’approvisionnement. Mais de grandes marques ont déjà bougé en ce sens et inspirent maintenant l’ensemble des industries : Patagonia et Stella McCartney en mode, par exemple. Danone Amérique du Nord s’est fait certifié B Corp (certification répondant à des exigences sociétales et environnementales, de gouvernance ainsi que de transparence envers le public - NDLR) et envisage de le faire à l’échelle monde. Quelle multinationale cosmétique sera capable d’une telle prouesse ?
Quels sont les bons élèves et exemples à suivre ?
Certaines entreprises comme l’Oréal sont activement engagées en RSE. Il faut aussi considérer les nouveaux statuts comme celui d’entreprise à mission* qu’adoptent par exemple la MAIF, la CAMIF ou Groupe Rocher. La certification Cradle to Cradle est aussi un gage de réassurance en économie circulaire pour le consommateur, le label américain EWG, lui, prend de l’ampleur jusqu’en Corée. En France, le groupe alimentaire et cosmétique Léa Nature a été un des pionniers à porter ces valeurs écologiques. En d’autres termes, mettre les actions RSE de côté fera prendre un risque majeur à l’entreprise. L’industrie doit se préparer à passer en économie vertueuse et à « décarbonner » avant de se retrouver au pied du mur et de devoir le faire dans des conditions douloureuses pour l’ensemble des parties prenantes.
* Nouvelles formes de sociétés commerciales qui se définissent statutairement une finalité d’ordre social ou environnemental.
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