IDÉES Le temps où seules les top models taille 0 / 1,80 mètre / sourire absent avaient le droit de défiler ou de poser pour des marques serait-il passé de mode ? Entre Saint Laurent qui a élu des musiciennes pour l’une de ses campagnes (d’Hedi Slimane) et les enseignes qui choisissent des actrices, le petit monde des égéries s’agrandit.
Ainsi, chez Rebecca Minkoff à la dernière fashion week new-yorkaise, quelques influenceuses s’invitaient sur le podium, en l’occurrence Green Street en face de la boutique de la créatrice.
Rebecca Minkoff dans la rue avec ses copines blogueuses.
Parmi elles, les blogueuses Chriselle Lim, Arielle Nachmani, Shea Marie ou Gala Gonzalez jouaient les apprentis mannequins ailleurs que sur Instagram. Gros buzz.
Chez J. Crew (photo du haut et ci-dessous), toujours à New York, ce sont des proches de la créatrice Jenny Lyons et des employés de la marque qui ont été castés.
J. Crew et les real people.
Profils éclectiques assurés : des « models » de 13 à 70 ans d’origines et de corpulences très variées avec, comme leitmotiv, l’identification – il est toujours assez compliqué de s’imaginer dans une robe moulante portée par Gisele ou Kate.
A Paris, l’iconoclaste Demna Gvasalia (pour Balenciaga) a choisi de faire marcher sur le catwalk des slasheurs en vue comme la styliste Lotta Volkova (du même collectif Vetements), l’artiste Jane Moseley ou la DJ française Clara Deshayes (alias Clara 3000), déjà vue chez Jacquemus et Vetements.
AAAA: Lotta Volkova pour Demna Gvasalia.
Chez Koché, un gang d’artistes transformait le défilé en performance joyeuse.
Pour les campagnes, la « normalité » est également devenue le nouveau chic. La collection capsule de Peter Saville pour Paco Rabanne est portée par des figures du cool (mais pas du fashion pack) comme la Djette parisienne Louise Chen.
Idem pour la « coolab » Kenzo x H&M où la maquilleuse Isamaya Ffrench et la rappeuse vietnamienne Suboi prennent la pose.
En haut, les créatifs de Peter Saville x Pacor Rabanne. Ci-dessus, Isamaya Ffrench pour Kenzo x H&M.
Emballez tout cela avec le British Vogue sur les « real people » et vous obtenez cette tendance : les gens normaux ont tous quelque chose d’exceptionnel.
Parfois le message se veut aussi politique ou sociétal, comme quand des mannequins en chaises roulantes, des trisomiques ou une jeune femme indienne défigurée à l’acide montent sur le podium. Reste à faire le tri entre réel engagement et opportunisme lourdaud. Mais ça, c’est une autre histoire.