Par Jeanne Cante
BEAUTÉ Paru en mars 2020, le rapport de Market.us annonce d’excellentes opportunités de croissance de 2020 à 2029 sur le « marché ingrédients de parfum naturel ». Nouveauté : « la performance olfactive » et « l’aspect hédonique du parfum » ne suffisent plus à séduire le consommateur.
Davantage réceptif au savoir-faire qu’aux fables créatives, il s’intéresse précisément aux molécules qui composent une fragrance : ce qu’il veut, ce sont des matières premières naturelles, des ingrédients sourcés pour échapper aux silicones, colorants, phtalates et autres produits synthétiques.
L’annonce d’une nouvelle ère ? Celle en tout cas celle que porte le groupe suisse Firmenich avec CreateForGood : un plan d’accompagnement qui aide les marques à mesurer et à intégrer les paramètres de naturalité, d’authenticité et d’éthique dans la création olfactive.
« Nous nous sommes aperçus que cette consommation orientée vers le naturel concerne aujourd’hui le plus grand nombre », détaille Juliette Sicot-Crevet, sa vice-présidente en charge de la division naturalité et durabilité.
Une nouvelle ère de la parfumerie éthique s'ouvre
Grâce au choix des ingrédients, à la mesure de la durabilité du parfum (teneur en carbone renouvelable, biodégradabilité), à l’utilisation de la chimie verte, le groupe genevois de création de fragrances et d'arômes ouvre « une nouvelle ère que j’appelle la parfumerie éthique, qui offre des parfums sensoriels, respectueux de la planète et de ceux qui y vivent. »
Mais il est peu évident de troquer le modèle de fabrication traditionnel pour la chimie verte, quand on sait que le coût des matières naturelles est beaucoup plus élevé que les molécules de synthèse et que certaines notes n’existent que sous cette forme.
« Oui, élaborer un parfum est bien plus contraignant que de mettre au point une crème, explique Marc Follmer, pharmacien et directeur général de Weleda. L’origine des matières premières est cruciale et il faut s’assurer que la quantité des huiles essentielles sera suffisante, avec la qualité qu’on veut, pour créer une fragrance. »
Pour autant, de petits labels indépendants (Les Jardin de Carbay Hills, Ajanogie) et de marques plus assises comme Fragonard, l’Artisan Parfumeur, Buly ou le Couvent des Minimes ont pris le taureau par les cornes en affichant des formules aux plus proche de la naturalité (c'est-à-dire sans musc synthétique ou phtalates) et parfois le label « cruelty free » qui exclut l’exploitation des animaux.
Du côté des maisons de luxe, les préoccupations éthiques s’affichent : en janvier 2020, dans le cadre de l’initiative Flower Gems of India, Bulgari s’engageait à « développer un mode de culture des fleurs de jasmin plus responsable et une plus juste rémunération des cultivateurs ». Parallèlement, les épisodes Chanel parfumeur sur les réseaux sociaux emmènent à la découverte du sourçage du jasmin, présenté comme « la fleur originelle ». L’éthique a bien une odeur.
L'ODEUR DE L'ÉTHIQUE:
Fragonard.
L'Artisan Parfumeur.
Buly 1803.
Le Couvent des Minimes.
Les Jardins de Carbay Hills.