Le food design a-t-il encore de l’appétit?

Par Raphaël Turcat

Nicolas Buisson pour l'Ambroisie. ©Nicolas Buisson.

Nicolas Buisson pour l'Ambroisie. ©Nicolas Buisson.

DESIGN Connaissez-vous l’avenue Montaigne de la pâtisserie ? Elle se niche rue du Bac, en plein cœur de Paris. Depuis 2010, cette rue bourgeoise est devenue la Mecque des gourmands de tous pays. Les objets de leur quête ? La Pâtisserie des Rêves, Des Gâteaux et du Pain, Acide Macaron, Angelina, toutes des pâtisseries qui ressemblent à des boutiques de joaillerie. Un peu plus loin, Pierre Hermé, Hugo & Victor ou Gâteau Thoumieux viennent parfaire cette tendance inéluctable : la fashionisation de la bouffe, ses décors high level et son design culinaire sans reproche.

Mais le phénomène ne touche pas que les plaisirs sucrés. Il est comme un raz de marée qui déferle dans et en dehors de l’assiette, bien loin de l’image du fort des Halles ou du trimeur de Rungis.

« Le design culinaire est né il y a une dizaine d’années et se trouve en plein essor, détaille Nicolas Buisson, photographe qui a longtemps œuvré pour YAM, le magazine de Yannick Alleno présentant ses plats comme on dévoilerait une collection de prêt-à-porter. La multiplicité du marché entraîne une surenchère : aujourd’hui, les chefs, comme Atsushi Tanaka ou Thibault Sombardier, réfléchissent beaucoup plus. Là où vingt ans auparavant, il y avait trois assiettes blanches, tout est beaucoup plus étudié, avec des artistes comme JR qui a fait une collection capsule d’assiettes avec Bernardaud, par exemple. »

"Agnus" de Delphine Huguet.

"Agnus" de Delphine Huguet.

J’utilise le design culinaire comme un vecteur de communication pour parler de sujets parfois graves.

L’essor de la discipline est telle que l’Ecole supérieure d’art et de design (ESAD) de Reims a ouvert un post-diplôme où Emmanuelle Benoit, designer culinaire, et Georges Ribeiro, cuisinier, animent l’atelier auprès de Marc Bertillot, une des stars du genre. Delphine Huguet a suivi ce cursus et s’est fait remarquer l’année dernière au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse en proposant au public de dévorer des têtes de veaux et d’agneaux mises en scène par ses soins : « J’utilise le design culinaire comme un vecteur de communication pour raconter une histoire, pour parler de sujets parfois graves. Cela amène les participants à discuter entre eux et à se poser des questions », expliquait dernièrement aux Inrocks Lab celle qui a également conçu une série de post-it comestibles.

« Dans le domaine du design culinaire, tout a été fait mais tout est toujours à refaire, conclut Nicolas Buisson. Quand on voit ce que sont capables de faire des jeunes artistes comme l’Australienne CJ Hendry, par exemple, la marge de progression et les formes que peut prendre le design culinaire est encore énorme. » On en salive d’avance.

Illustration de CJ Hendry. ©CJ Hendry.

Illustration de CJ Hendry. ©CJ Hendry.

www.nicolasbuisson.com
www.esad-reims.fr
delphinehuguet.com
instagram.com/cj_hendry

 

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