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Nous sommes déjà des cyborgs

Par Julien Domèce

FUTURS En juin 2015, la première Implant Party était organisée à la Gaîté Lyrique organisée par un collectif de biohackers suédois. Les volontaires pouvaient repartir implantés d’une puce NFC, permettant de stocker des données ou de déverrouiller des appareils connectés. Un peu plus à l’ouest, Ray Kurzweil est à la tête des recherches de Google en intelligence artificielle. Et le VRP  du transhumanisme est formel : d’ici dix ans, un vaste business d’implants-gadgets devrait inonder les shops des bodyhackers. En attendant, une poignée d’individus a déjà franchi le pas de l’homme-machine.

Né à Belfast, Neil Harbisson en fait partie. Atteint d'un daltonisme absolu, il se fait greffer en 2004 une antenne à l'arrière du crâne pour entendre les couleurs. Il raconte : « Mon opération a duré trois heures, pour quatre implants au total. Ça a pris deux mois pour que l’antenne et les puces s’unissent complètement. » Depuis, Neil écoute les visages et performe en composant de la musique avec les couleurs (vidéo ci-dessous).


En 2010, il crée avec la chorégraphe Moon Ribas la Cyborg Foundation pour « aider les humains à devenir des cyborgs ». L'artiste espagnole, elle, s'est faite implanter une puce dans le bras lui permettant de ressentir les séismes en tant réel : « Quand il y a un tremblement de terre en Californie ou au Japon, je le ressens où que je sois sur la planète. La technologie est connectée à mon esprit. »  Si l'implantation ne roule pas sans poser certaines questions (traçage ? performance ?), les deux hybrides souhaitent promouvoir le cyborgism art et une technologie au service de l'extension des sens. Harbisson : « En 2009, lors d'une manifestation à Barcelone, des gens ont cru que je les filmais et ont endommagé mon antenne en essayant de l'arracher. Malgré cela, depuis dix ans, la perception des implants technologiques a changé. »

Vous n’êtes ni Robocop ni Terminator, mais vous êtes des cyborgs à chaque fois que vous regardez un écran d’ordinateur ou que vous utilisez un smartphone.

Dans son ouvrage Calm Technology, l’anthropologue des cyborgs Amber Case va plus loin. Notre rapport à la technologie serait, déjà, en train de modifier l’espèce humaine. Par exemple, les périphériques numériques (ordinateur-tablette-smartphone) deviennent des augmentations de nos cerveaux, nos mémoires externes : « Vous n’êtes ni Robocop ni Terminator, mais vous êtes des cyborgs à chaque fois que vous regardez un écran d’ordinateur ou que vous utilisez un smartphone », explique cette grande rousse.


Prenant acte de ce changement inédit, l’anthropologue s’interroge sur la manière de faire de la technologie une extension humaine créatrice, de la maîtriser avant qu’elle ne nous contrôle. Moon Ribas et Neil Harbisson, eux, tracent leur route.

Voir le projet cyborg de Neil Harbisson et Moon Ribas. 
Voir le site d’Amber Case. 

 

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